Quand la droite et la gauche gouvernementale battent la campagne25/01/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/01/une-1748.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Quand la droite et la gauche gouvernementale battent la campagne

A trois mois de l'élection présidentielle, ceux qui briguent le poste de président de la République et ceux qui en profitent pour se mettre en avant pour postuler à un poste de ministre dans le gouvernement à venir multiplient les apparitions et les déclarations. C'est à qui se montrera sous son meilleur profil, aux côtés de sa femme, ou des femmes qui le soutiennent. Un véritable déluge de petites phrases vides d'intérêt alimente chaque jour les rubriques des journalistes, qui en sont friands.

Ce spectacle a pour but de donner le change, en multipliant les discours afin de ne rien dire. Car ils veulent se faire élire, sans s'engager, en particulier auprès de la population laborieuse.

Les candidats de la droite parlementaire qui se retrouveront sans doute, comme un seul homme, derrière Chirac au second tour, se chamaillent sans que l'on sache vraiment sur quoi. Mais c'est sans importance puisque ce qui les sépare, ce ne sont que leurs ambitions respectives.

Ce qu'ils reprochent au gouvernement dit de gauche, c'est surtout de ne pas être allé suffisamment loin, ni suffisamment vite pour mettre en place les mesures que cette même droite avait commencé à mettre en oeuvre. De ne pas avancer assez vite dans la poursuite de l'application du plan Juppé concernant la santé - mieux vaudrait dire le démantèlement du système de soins pour les plus démunis. D'avoir une attitude trop hésitante à l'égard de la remise en cause des retraites, de ne pas continuer assez franchement dans la voie ouverte par Balladur. C'est pure comédie car la droite sait fort bien que sa politique a été poursuivie par la gauche gouvernementale. Preuve en est que celle-ci n'a abrogé ni le plan Juppé, ni les décisions de Balladur sur la retraite, pas plus qu'elle n'a aboli les lois Pasqua dirigées contre les immigrés. Cela montre que les affinités entre Chevènement, ex-ministre de l'Intérieur de Jospin, et les partisans de Pasqua ne sont pas une nouveauté.

La gauche gouvernementale se chamaille elle aussi à l'approche des échéances électorales. Les Verts se montrent plus intransigeants lorsqu'il s'agit de quémander plus de circonscriptions au PS, que lorsqu'il s'agit de lui imposer des mesures qui, paraît-il, leur tiennent à coeur. Robert Hue découvre que Jospin n'a pas "eu le courage de réinscrire à l'ordre du jour le texte de modernisation sociale censuré" par le Conseil constitutionnel. Les militants du PCF, comme les salariés, savent par expérience que les Jospin, Fabius, Guigou n'ont pas eu besoin de prétextes fournis par le Conseil constitutionnel pour accorder satisfaction au patronat. Depuis cinq ans qu'ils sont au gouvernement, depuis plus de vingt ans que les socialistes sont aux commandes de l'Etat, à l'Elysée et à Matignon, soit seuls, soit en cohabitation avec la droite, les travailleurs ont eu de multiples occasions de le vérifier à leurs dépens. Ils l'ont vérifié, par exemple, avec cette loi dite des 35 heures qui a donné encore plus de liberté au patronat pour organiser la production à sa guise. Partout, cela se traduit aujourd'hui par une aggravation des conditions et des rythmes de travail.

Et les salariés de Moulinex-Brandt, de Bata, d'AOM-Air Liberté, pour ne parler que des cas les plus récents de suppressions d'emplois ont pu vérifier que le gouvernement ne se rangeait pas à leur côté, contre leurs patrons. Sans compter les licenciés de nombreuses petites entreprises, dont on ne parle pas. Tout cela a pour conséquence un appauvrissement général de la population laborieuse et du coup la paralysie croissante de villes et de régions entières.

Les Jospin, Fabius et compagnie évitent de faire figurer cela dans leur bilan. Et pour cause ! Et ils se gardent bien de promettre que dorénavant ils s'opposeront à la politique patronale. D'ailleurs, qui les croirait ?

Mais alors à quoi ont-ils servi, à quoi serviront-ils demain pour le monde du travail s'ils laissent ainsi les mains libres au patronat, pire, s'ils l'encouragent à mener une politique antiouvrière ? A rien de bon pour la population laborieuse !

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