Quand Chirac verse des larmes sur la jeunesse25/01/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/01/une-1748.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Quand Chirac verse des larmes sur la jeunesse

Chirac a redécouvert la "fracture sociale". "La pauvreté, c'est un fait, ne diminue pas ; en réalité, elle augmente (...). Il y a en France, eu égard aux critères généralement retenus, plus de quatre millions de gens qui vivent dans une situation de pauvreté", a-t-il déclaré le 17 janvier à Auxerre lors d'un colloque consacré à la situation des jeunes.

Chirac a même souligné que, "avec un taux de plus de 17 %, les jeunes sans emploi sont les principales victimes du chômage et seuls trois pays connaissent une situation encore plus défavorable que la nôtre en Europe".

Chirac ressort donc les larmes qu'il avait emmagasinées précieusement depuis 1995. Et l'hypocrisie qui va avec. Mais quand il a parlé de "ce monde qui, spontanément et naturellement, a une dynamique qui tend à faire que les riches s'enrichissent et que les pauvres s'appauvrissent...", il s'est arrêté à temps pour se souvenir que son camp est celui des riches en général et du patronat en particulier. Il a en effet promis "la baisse des charges qui pèsent sur les entreprises" et celle du "coût du travail", un air déjà connu. Les jeunes, quand ils ne sont pas au chômage, touchent bien souvent un salaire en dessous du SMIC, mais c'est au patronat que Chirac promet de nouvelles faveurs, prétendument pour lutter contre le chômage des jeunes. Or, sous tous les gouvernements, les patrons reçoivent déjà des cadeaux en abondance... et n'embauchent pas.

Chirac avait aussi, ce jour-là, une autre recette miracle dans sa besace : offrir à toute personne prématurément sortie du système scolaire "une seconde chance durant sa vie professionnelle", grâce notamment à la "création d'un compte individuel de formation professionnelle" subventionné par l'État. Comme les mots ne coûtent rien, Chirac a parlé de "véritables contrats de réussite avec la société". Pourtant, il est bien à l'unisson avec le gouvernement quand il ne fait rien contre l'existence de classes surchargées dans les écoles et les lycées. Oser parler de deuxième chance, alors que rien n'est fait dans cette société pour que la majorité des jeunes issus des classes pauvres puissent saisir une première chance, c'est se moquer de la jeunesse. Mais Chirac et autres rebouteux de la "fracture sociale" savent parler. Comme tous les charlatans...

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