SNCF - Quatre-Mares Saint-Etienne du Rouvray (Seine-Maritime) : Loft Story à l'atelier18/01/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/01/une-1747.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF - Quatre-Mares Saint-Etienne du Rouvray (Seine-Maritime) : Loft Story à l'atelier

Fin 2001, les ouvriers des ateliers SNCF de Quatre-Mares, à Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen, ont reçu un cadeau de Noël empoisonné. Cela fait belle lurette qu'ils se plaignaient de leurs salaires misérables et surtout des augmentations minables, bien en deçà de la hausse des prix. Alors, le directeur des ateliers, qui à chaque débrayage ou grève disait comprendre le problème, a trouvé une solution...

Il est allé chercher à la direction régionale 360 000 francs de prime exceptionnelle, à répartir entre les cheminots des ateliers (environ 900 cheminots) : une moyenne de 400 francs par agent. Mais attention ! Pas pour tout le monde, et surtout pas la même somme. Parce que "certains cheminots se sont plus investis que les autres, ont été plus présents, ont plus bossé..."

La maîtrise et les cadres ont donc dû éliminer 20 % des ouvriers dans les équipes. Certains ont refusé, proposant de donner à tout le monde, mais ils ont été obligés de revoir leur copie et d'éliminer les maillons faibles. De façon générale, ce sont les malades, les handicapés et les jeunes embauchés qui se sont retrouvés sur la touche.

Le but de la direction était évidemment de créer la zizanie entre les ouvriers, tout en anesthésiant le mécontentement sur les salaires. Le résultat a été inverse : son attitude s'est retournée contre elle. Au lieu de créer la division entre cheminots, cela a fait l'unanimité contre la direction, y compris dans une partie de la maîtrise qui a compris le rôle que la direction voulait lui faire jouer. Dans un certain nombre d'équipes, les ouvriers se sont réunis et ont réparti la prime de façon équitable, parfois devant l'encadrement.

Cela s'est terminé par un débrayage de 200 cheminots qui ont été dire à leur patron ce qu'ils pensaient de son attitude et de leurs bas salaires.

Depuis plusieurs mois, la direction des ateliers de Quatre-Mares tente de monter les jeunes embauchés contre les anciens. Elle organise des réunions pour leur monter la tête et faire passer son message. Une attitude qui lui revient dans la figure.

Correspondant LO

Echec à l'arbitraire

La veille de Noël, un camarade nouvel embauché aux ateliers a reçu une "demande d'explication" avec licenciement. La direction de Quatre-Mares lui reprochait de ne pas faire son travail et d'avoir abandonné son poste.

Après information, nous nous sommes aperçus que toutes ces accusations étaient fausses. Ce camarade faisait tout à fait consciencieusement son travail, alors qu'en plus il n'avait toujours pas reçu sa boîte à outils ! Quant aux abandons de poste, on lui reprochait d'avoir été vu quatre minutes en avance dans le parking, alors qu'il avait rendez-vous avec un compagnon qui devait l'emmener. Une autre accusation le rendait coupable d'avoir "tenté de récidiver d'abandonner son poste de travail" le jour du repas de fin d'année de sa section. Une fois encore, tout était faux. Un agent lui avait bien proposé de venir à ce repas, il avait donc posé une demi-journée de congé, que le chef d'atelier lui avait refusée. Il est donc resté travailler cet après-midi-là, mais le même chef l'accuse d'avoir pensé à y aller...

C'était un peu gros. Chacun dans son atelier a immédiatement réagi en demandant des comptes aux accusateurs. Tout le monde a refusé une telle injustice. Et après une matinée de discussion houleuse la direction est revenue sur sa décision. Notre camarade n'a pas été licencié et... a reçu sa caisse à clous !

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