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Leur société
Le MEDEF part en guerre contre les travailleurs
La CGT appelait à une "journée d'action dans les entreprises au niveau des localités et départements" mardi 15 janvier. Il s'agissait de protester contrer la politique du Medef et "sa volonté d'occuper le terrain politique pour mener une campagne de déréglementation en s'attaquant à la protection sociale, aux services publics, aux 35 heures et au pouvoir d'achat". Annoncée avant l'invalidation par le Conseil constitutionnel de l'article 107 concernant les licenciements économiques, cette initiative relevait d'autant plus d'une actualité brûlante. A Lyon, où se déroulait une grande messe organisée par le Medef sous la houlette de son baron-président, Ernest-Antoine Seillière, une manifestation à laquelle s'étaient également ralliées les Unions syndicales du Rhône CFDT, FSU et UNSA a rassemblé plusieurs milliers de personnes.
Pendant ce temps, à l'intérieur du palais des Congrès de Lyon, Seillière présentait son programme anti-ouvrier devant un parterre de grands patrons.
Selon le Medef, il faudrait "donner désormais la priorité au secteur productif, au monde du travail, aux entreprises concurrentielles" et "redonner toute sa valeur" au travail. De la part d'un patronat qui est en train de fermer des dizaines d'usines et de jeter des dizaines de milliers de travailleurs à la rue dans le seul but de maintenir ses bénéfices, voilà un programme qui vaut son pesant d'hypocrisie !
Au-delà de ces paroles creuses, le Medef a pris soin de préciser de façon concrète ses objectifs. D'abord il s'agit d'obtenir plus de flexibilité des salariés, sous la forme d'un nouveau type de contrat de travail ultra-flexible. C'est que l'appétit vient en mangeant. Et maintenant que le patronat a goûté à la flexibilité, grâce à l'aide de Jospin et de sa loi des 35 heures, il en réclame encore plus.
Ensuite le Medef veut une fiscalité qui aligne la France sur les pays les moins taxés d'Europe. Donc le patronat ne veut plus payer ni la taxe professionnelle ni la taxe sur les salaires - ce qui revient déjà à exiger un cadeau annuel de 17,5 milliards d'euros de l'État (114 milliards de francs) - pas plus que l'impôt sur les grandes fortunes. D'ailleurs, il ne veut plus payer non plus de charges sociales patronales et, pour faire bonne mesure, il souhaite que les cotisations des salariés soient prélevées non pas sur leur feuille de paie mais sur leur feuille d'impôt - ce qui permettrait évidemment de baisser les salaires réels... sans que cela se voie sur la paie.
Pour ce qui est du service public, le Medef veut une diminution du nombre de fonctionnaires. Denis Kessler, le bras droit de Seillière, osait affirmer en décembre dernier : "Je constate que dans tous les pays on procède à l'heure actuelle à des diminutions des dépenses publiques de façon à pouvoir alléger les impôts". En somme, les patrons veulent moins d'infirmières, de postiers, d'enseignants, de cheminots, pour que eux et leurs actionnaires payent moins d'impôts et touchent plus de subventions.
Quant au système des retraites, Seillière dit tout haut ce que Chirac ou Jospin disent tout bas. Il faudra dit-il "allonger progressivement, sur un quart de siècle, la durée du travail", préconiser la retraite à la carte et aligner le secteur public sur les restrictions au droit à la retraite déjà imposées au secteur privé.
Cette véritable déclaration de guerre de Seillière et de ses comparses n'est pas un hasard. Dans cette période électorale ils indiquent à Chirac et Jospin ce qu'ils attendent d'eux. Avant même que ceux-ci soient officiellement candidats, Seillière vient de formuler le véritable programme qu'ils auront à mettre en oeuvre au cours du prochain quinquennat !