HLM : Des gardiens dans les immeubles, pas rentables, mais utiles !18/01/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/01/une-1747.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

HLM : Des gardiens dans les immeubles, pas rentables, mais utiles !

Dans certains quartiers baptisés "zones urbaines sensibles", les organismes gérant des logements sociaux doivent désormais mettre à la disposition des locataires au minimum un gardien pour cent logements.

Que le gouvernement en soit ainsi à publier un décret, pour imposer qu'il y ait un minimum de gardiens dans les immeubles, en dit long sur la situation. Au nom de la rentabilité, les organismes HLM et les gestionnaires du logement dit social ont en effet supprimé les gardiens, ce qui a eu des conséquences déplorables pour les habitants, du point de vue de l'entretien et de la croissance des tensions au sein des cités.

De la même façon, la suppression de toute présence de personnel sur les quais du métro parisien, pour ces mêmes raisons de rentabilité, avait engendré des problèmes de sécurité que la RATP n'est jamais parvenue à surmonter.

En ce qui concerne les immeubles, la course à la rentabilité s'est faite aux dépens des conditions de travail des gardiens qui subsistent. Moins nombreux, ils ont à assumer davantage de tâches d'entretien. Ils sont aussi aux premières loges pour recevoir les plaintes plus nombreuses des locataires, voire leurs reproches, et affronter leur mécontentement quand les réparations tardent. Car les équipes de maintenance sont elles aussi réduites.

La secrétaire d'État au Logement, Lienemann, a décrit la situation de manière réaliste lors du dernier congrès des HLM, déclarant : "On est passé des gardiens d'immeubles, des concierges, à des prestations de services pour les poubelles, pour le balayage, pour changer les ampoules (...), ou des interventions pour les tags. Or pour traiter le tag, que se passe-t-il ? L'organisme performant repère le tag, établit le bon de service pour demander à l'entreprise de venir détaguer. L'entreprise reçoit le bon de service. (...) Et met un certain temps avant de venir, etc. (...) Entre-temps, il y eut dix autres tags au même endroit. Et, ajoute-t-elle, cela a été l'occasion d'un certain nombre d'économies d'échelle, mais nous a privés d'une présence sur le terrain". Il n'y a pas grand-chose à ajouter à ce constat.

Sauf que le gouvernement a mis plus de six mois à publier le décret. Permettra-t-il d'améliorer la situation ? C'est à voir. Un gardien pour cent logements, c'est peu, surtout quand il s'agit de remédier à une situation dégradée. De plus, elle ne s'applique immédiatement que dans les "zones urbaines sensibles". Les habitants des autres logements sociaux devront attendre janvier 2003 s'ils résident en ville, la saint-glinglin s'ils se trouvent dans une petite commune.

Autre problème, le texte prévoit la possibilité de "faire assurer le gardiennage ou la surveillance par un prestataire de services", ce qui laisse la porte ouverte à des charges supplémentaires pour les locataires. De plus, il est plus difficile de trouver un interlocuteur quand un problème se pose. Cette sous-traitance, Marie-Noëlle Lienemann en dénonce les inconvénients, mais l'introduit dans la loi.

Il en est des locataires comme des salariés et des chômeurs (et souvent ce sont les mêmes). Quand une mesure vise, ne serait-ce qu'un petit peu, à éviter qu'une situation se détériore, elle est assortie de bien des restrictions, qui en limitent les effets. Quant à la réalité sur le terrain, on connaît trop bien le fossé qui séparent les lois et leur application.

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