Créteil (Val-de-Marne) : Contre l'incurie de la Caisse des Dépôts, l'action collective des habitants du quartier du Mont-Mesly18/01/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/01/une-1747.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Créteil (Val-de-Marne) : Contre l'incurie de la Caisse des Dépôts, l'action collective des habitants du quartier du Mont-Mesly

Une pétition contre la dégradation des logements dans le quartier du Mont-Mesly de Créteil (Val-de-Marne) a recueilli 483 signatures. Une vingtaine d'habitants se sont retrouvés pour la porter au matin du lundi 7 janvier au siège de la Société centrale immobilière de la Caisse des Dépôts (SCIC).

Des murs entiers sont couverts de moisissures, les papiers peints se décollent et doivent être refaits fréquemment aux frais des locataires, des familles en sont réduites à faire dormir leurs enfants dans le salon, car les chambres sont devenues trop malsaines. La SCIC, qui possède et gère 4 000 logements dans le quartier du Mont-Mesly de Créteil, a une fâcheuse tendance à rejeter ses responsabilités sur les locataires, leur conseillant par exemple de lessiver les murs à l'eau de Javel ou d'acheter du papier buvard !

La société se contente de quelques coups de peinture sur des façades et dans des cages d'escalier. Et l'entretien quotidien des immeubles et des abords laisse à désirer, car le nombre de gardiens ne cesse de diminuer. Changer une simple ampoule électrique dans un couloir est un problème, une intervention sur une canalisation qui a éclaté peut prendre quinze jours... Mais cela n'empêche pas la SCIC de répondre à des locataires venus signaler les problèmes qu'ils entretiennent mal leur appartement ! Et pour trouver un tel interlocuteur, il faut demander un rendez-vous, car les responsables de la SCIC, dont le siège est situé au coeur du quartier, s'enferment dans leur tour.

Face à un tel mépris, quelques locataires avaient exprimé leur mécontentement, fin novembre, lors d'une réunion municipale sur la rénovation du quartier. Le maire (PS) avait répondu qu'il était conscient des problèmes, ajoutant toutefois qu'il "ne fallait pas être méchant avec la SCIC".

Plusieurs habitants s'étaient alors trouvés d'accord avec un représentant de Lutte Ouvrière qui, lui, se prononça pour la fermeté. Une pétition fut lancée. Lors du Conseil municipal qui suivit, lorsque les deux élus Lutte Ouvrière l'ont présentée sous forme de motion, le maire l'a trouvée "fort sympathique" mais ne l'a pas votée. Elle a recueilli les voix de Lutte Ouvrière, des Verts et d'une élue du groupe communiste, soit 8 voix sur 53 élus.

Pour le moment, la SCIC, elle, a refusé de répondre à la pétition, reconnaissant toutefois qu'il y avait des problèmes (y compris dans ses propres locaux !). Elle s'est sentie obligée de fixer un nouveau rendez-vous aux locataires pour le 17 janvier.

Le manque de respect de ce bailleur, adossé à un puissant groupe financier, envers les habitants d'un quartier populaire, commence à se retourner contre lui. Les locataires qui ont fait signer la pétition ont trouvé un bon accueil, des voisins ouvrant leur porte pour montrer les dégâts de la politique de la SCIC dans leur appartement et s'indigner des réponses désinvoltes de ses responsables.

Cette société qui fait partie de la Caisse des Dépôts (12,6 milliards de bénéfices en 2000) devrait pouvoir trouver les moyens de remédier à l'humidité et de procéder à la gestion courante. Quand il s'agit d'encaisser les loyers en temps et en heure, ses services fonctionnent parfaitement.

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