Aventis - Romainville (Seine-Saint-Denis) : Le centre de recherche menacé de fermeture18/01/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/01/une-1747.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Aventis - Romainville (Seine-Saint-Denis) : Le centre de recherche menacé de fermeture

Un courrier anonyme envoyé à un syndicaliste CGT a donné l'alarme, le lundi 7 janvier : le groupe pharmaceutique Aventis envisage de fermer son centre de recherche de Romainville (Seine-Saint-Denis) et de supprimer des centaines d'emplois.

L'objectif est d'augmenter les profits, en réduisant au minimum ce qui est le moins rentable, en augmentant l'exploitation et en supprimant des postes. Lors de sa création fin 1999, par la fusion des groupes Rhône-Poulenc et Hoechst, Aventis visait 1,2 milliard d'euros de profits en 2002 (8 milliards de francs). En 2000, il en était déjà à 7,5 milliards de francs. Et la hausse serait de 40 % en 2001 !

Dans ce but, la direction avait fait établir dès 1998, par le cabinet Monitor, un plan prévoyant la disparition d'une cinquantaine d'établissements dans le monde entier et 11 000 suppressions d'emplois, dont 3 000 en France.

Des menaces qui ne datent pas d'hier

Ce plan envisageait déjà la disparition d'ici quelques années, par vente ou fermeture, du centre de Romainville. Il comprenait alors près de 2 000 salariés, travaillant surtout en recherche et en développement (mise au point des médicaments pour la fabrication industrielle et la mise sur le marché).

Malgré l'opposition des salariés et leurs manifestations, la direction a imperturbablement poursuivi son plan : tentative de vendre Romainville à Du Pont de Nemours puis aux laboratoires Fabre ; constitution d'un établissement séparé avec le secteur de fabrication (230 salariés) qu'elle veut conserver ; réduction des sujets de recherche ; vente de la recherche agronomique, après les activités vétérinaires. Des services ont été délocalisés, dont la Comptabilité. Quatre bâtiments administratifs ont même été mis en vente, à l'intérieur de l'usine.

Les regroupements ont amené des centaines de mutations. Sous prétexte que ces mutations étaient en région parisienne, la direction refusait de faire un plan social, avec mesures d'accompagnement, qui aurait protégé contre les mutations forcées. Mais pour parcourir la vingtaine de kilomètres entre Romainville et Vitry ou la Croix-de-Berny, dans le Val-de-Marne, il faut compter 1 h 30. Les syndicats ont attaqué la direction en référé, pour la contraindre à faire un plan social, et ils ont gagné. La direction a fait appel et les juges ont rendu leur verdict le mercredi 16 janvier. Cette dernière a été à nouveau condamnée.

Le plan confidentiel de Boston Consulting

Le nouveau plan d'Aventis, communiqué le 7 janvier par un courrier anonyme, vient du cabinet Boston Consulting. Il touche à Romainville 1 170 salariés : 800 travaillent en recherche et développement, 100 dans d'autres activités, et 270 font partie des services d'appui. Dans les trois scénarios envisagés, la recherche est regroupée dans l'établissement de Vitry. Si le développemement se fait à Romainville, il restera 500 salariés ; et aucun, s'il va à Vitry ou à la Croix-de-Berny.

Dès qu'ils ont appris ce plan de la direction, les salariés ont été à 600 interpeller un directeur qui se trouvait là pour la cérémonie des voeux. Arrogant, il n'a rien démenti, et a prétendu que tout cela était de la faute des syndicats et du procès qu'ils ont intenté.

Mardi 15 janvier, les syndicats ont été reçus en urgence par le ministre de l'Industrie, Pierret. Mais depuis trois ans, à chaque fois que les travailleurs ont été reçus par lui, ils n'ont eu que de bonnes paroles. Par ailleurs, Romainville est dans la circonscription où la ministre du Travail, Elisabeth Guigou, se présente à la députation : elle va être aux premières loges pour entendre les travailleurs en colère. La Seine-Saint-Denis est un département sinistré du point de vue de l'emploi. Mais ce n'est pas pour cela que le gouvernement tentera de freiner les plans d'Aventis, dont il est complice depuis le début. Notons que Boston Consulting, dans son rapport confidentiel, conseille à Aventis d'attendre le lendemain des élections pour passer à l'attaque.

Les salariés sont mobilisés contre les plans de la direction. Il est en effet scandaleux qu'un groupe qui fait autant de profits puisse froidement préparer des centaines de suppressions d'emplois.

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