CHU de Rennes : Grève à propos des 35 heures04/01/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/01/une-1745.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

CHU de Rennes : Grève à propos des 35 heures

Depuis le lundi 17 décembre, plus d'un tiers du personnel du Centre Hospitalier Universitaire de Rennes est en grève à propos des 35 heures.

Cette grève a commencé par l'envahissement de la salle où devait se tenir le Conseil d'Administration. Au moment où une délégation de représentants du personnel était admise, des manifestants ont poussé la porte et les directeurs, qui jouaient les gros bras pour limiter les entrées, n'ont pas fait le poids. Edmond Hervé, président du Conseil d'Administration et maire socialiste de Rennes, a préféré s'enfuir par la porte de derrière. Il ne tenait visiblement pas à entendre ce que le personnel pense des méfaits de la politique de santé qui est menée depuis des années ; politique qu'il défend en tant que député socialiste, et qu'il a lui-même menée lorsqu'il était ministre de la Santé.

La salle du Conseil d'Administration ayant été envahie par 400 personnes, on était à l'étroit ! Lors d'un dialogue un peu tendu avec la direction, les manifestants ont clamé qu'ils ne voulaient pas d'une réduction du temps de travail par journée de 7 h 30. Cela reviendrait à demander au personnel d'effectuer en 7 h 30 le travail qu'il n'arrive déjà pas à faire en 8 heures. Tout le monde veut que cette réduction se traduise par une journée de repos supplémentaire par quinzaine.

La direction répond qu'elle n'a pas les effectifs nécessaires. En effet, les emplois accordés au CHU de Rennes au titre du passage aux 35 heures sont d'environ 200. Or, pour donner un repos de plus tous les quinze jours, il en faudrait 600.

Le mécontentement était tel que les grévistes n'ont pas voulu quitter la salle du Conseil pour tenir leur assemblée générale, et c'est devant la direction qu'ils ont voté la reconduction de la grève et débattu de son organisation pratique.

La grève a continué toute la semaine précédant les fêtes, avec des assemblées générales réunissant de 300 à 400 personnes. Cette semaine a été marquée par des manifestations, dans et hors de l'hôpital, avec des slogans comme " pour que les 35 heures ne soient pas un leurre, il nous faut des emplois et la RTT en journées " ou " retrait du plan Guigou ". Des distributions de tracts ont été organisées aux portes et l'entrée de la direction a été symboliquement murée. Une distribution de tracts au péage de l'autoroute, avec des collègues de l'hôpital de Vitré, a été bien accueillie par les usagers qui en profitaient pour passer gratuitement.

Il y a eu également des visites, plus ou poins massives, auprès des chefs de service qui refusaient de réduire leurs activités. Le plus souvent, cette pression les a amenés à faire des concessions.

La grève a été reconduite pour toute la période des fêtes. Alors, même si tout le monde est réquisitionné d'office et est donc au travail, l'atmosphère de grève est bien présente dans l'hôpital. Cette année, les décorations traditionnelles sont noyées au milieu des affiches et des banderoles annonçant " Service en grève " ou encore " Les 35 heures = 600 emplois et non 200 ".

Tout le monde se prépare à reprendre la grève dans sa forme habituelle dès le 8 janvier. Pour l'heure, la période des fêtes est mise à profit pour contacter les autres hôpitaux, chaque service essayant d'informer les collègues de la même spécialité des autres établissements. Car le problème est le même partout, c'est celui du manque d'emplois et de moyens pour le service public de santé. Des grèves ou des mobilisations ponctuelles ont lieu dans d'autres hôpitaux ; il faudrait qu'elles se généralisent.

L'idée a aussi été lancée d'organiser une action commune avec les autres salariés actuellement en lutte contre les 35 heures, comme les pompiers ou les employés de la DDE. En tout cas, les personnels du CHU ne sont pas décidés à se laisser faire.

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