Toulouse : trois mois après l'explosion d'AZF : rien n'est réglé24/12/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/12/une-1744.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Toulouse : trois mois après l'explosion d'AZF : rien n'est réglé

50 000 sinistrés continuent à vivre dans des appartements dévastés, trois mois après l'explosion AZF. Les travaux définitifs commencent çà et là, mais à un rythme désespérant, quand le propriétaire a pu faire les avances ou les obtenir des assurances.

Le gouvernement et la mairie de Toulouse ont fait beaucoup d'effets d'annonce à destination de ceux qui n'ont pas les moyens d'en vérifier l'application. La seule mesure gouvernementale vraiment appliquée est la pose gratuite de plexiglas, ou de contreplaqué, pour calfeutrer tant bien que mal les ouvertures. C'est le règne du "provisoire-durable". Or dehors il gèle à -10° ! On n'arrive à une température supportable qu'en fermant toutes les grilles d'aération et en surchauffant avec des chauffages d'appoint. Le gouvernement a aussi promis que TotalFina rembourserait les surconsommations de gaz et d'électricité. Or cette mesure n'est ni globale ni automatique : pour en bénéficier, il faut remplir un dossier (un de plus !) et fournir une déclaration de sinistre faisant apparaître des dégâts sur les "ouvrants". Seuls les propriétaires ont cette pièce, et encore pas tous !

Il n'est donc pas question d'attendre encore un, deux ou trois mois !

Le collectif des "sans-fenêtres" continue à se réunir tous les dimanches pour faire le point et décider des actions de la semaine. Il persiste à exiger que le scandale cesse : que les pouvoirs publics entreprennent les travaux avec des moyens exceptionnels et qu'ensuite l'Etat se fasse rembourser par le responsable de la catastrophe : TotalFinaElf.

La semaine dernière, il a décidé de s'inviter à Paris au pseudo-débat démocratique, sur les risques industriels. Devant des grilles à 200 mètres du ministère de l'Environnement, 500 CRS bloquaient l'accès, alors que les manifestants étaient moins d'une centaine, les "sans-fenêtres" et ceux du Collectif "Plus jamais ça, ni ici, ni ailleurs" ! Il fallait vraiment que le gouvernement n'ait pas la conscience tranquille ! Une délégation a quand même été reçue par le ministre Yves Cochet, qui a au moins montré de grandes qualités de comédien puisqu'il a fait mine de découvrir les conditions de survie des sinistrés.

Un bon moment cependant pour les participants quand ils ont appris que le manoir du PDG de TotalFina était occupé par un groupe de sinistrés de Toulouse et de Bretagne qui lui avaient démonté quelques fenêtres. Désormais lui aussi était un "sans-fenêtres" ! Certains ont même proposé de lui envoyer un bulletin d'adhésion... avec une cotisation conséquente.

Ce week-end, le froid a atteint les -10°, et c'est dans les mobile-homes, où logent une centaine de familles sinistrées, que la situation a été la plus dramatique. Toutes les canalisations sont à l'air libre et, évidemment, elles ont gelé. Le sol est glacial et quand on ajoute des convecteurs les plombs sautent, et en plus il n'y a plus d'eau. Tout le week-end, on a assisté à un ballet incessant de représentants de la mairie venus apporter des monceaux de bonnes paroles, et des cadeaux pour les enfants mais ils ont quand même rappelé à ces sinistrés qu'ils sont privilégiés par rapport à ceux qui ne sont pas relogés. Pas de doute qu'il y ait un rapport avec la création d'un "collectif des mobile-homes", la signature d'une pétition, et le rendez-vous pris avec le sous-préfet à la ville !

Pour cette semaine, le collectif a décidé d'un nouveau rassemblement place du Capitole pour le samedi 22 décembre, autour d'un amoncellement de fenêtres fracassées.

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