Dans les villes les plus pauvres et les plus touchées par le chômage, la vie quotidienne des collèges est rarement facile : tous les problèmes liés à la misère et à la démoralisation, comme la violence et la drogue, ne s'arrêtent évidemment pas à la porte des classes. Mais comment faire face ?

A Sin-le-Noble, le collège est mal outillé pour faire face : la cantine a 80 places assises et 250 enfants sont inscrits. Cela donne 170 enfants qui se bousculent dans un couloir en attendant leur tour... Il y a 820 élèves au total dans un collège trop petit, mal adapté, avec seulement un conseiller d'éducation et quelques surveillants. Plus de 50 enfants du collège n'ont plus de famille et vivent en foyers d'accueil.

Quand les conditions de vie sont plus difficiles, il faudrait faire plus d'efforts qu'ailleurs. Il faudrait des moyens supplémentaires pour compenser les difficultés. Bien sûr, ce n'est pas le cas.

Les parents d'élèves en sont conscients. Ils se sont organisés en association et participent activement à la vie du collège, en organisant des fêtes pour les élèves, mais aussi en les aidant dans leur scolarité. Du coup, les représentants des parents, les enseignants et le personnel de service ont créé entre eux des liens d'amitié.

Des incidents graves ont incité à une riposte commune : des aides-éducateurs jetés à terre et battus, des élèves blessés et rackettés par d'autres élèves, des professeurs agressés ou menacés, c'était trop.

Le jeudi 13 décembre, une journée "collège mort" était organisée. Les parents ont massivement suivi, en n'envoyant pas leurs enfants en classe. Seulement 23 sont venus, sur 820. Devant le collège, 120 personnes : des parents et 31 professeurs, sur les 45 présents ce jour-là. Il faisait un froid vif, mais le café et les gâteaux, les slogans et les applaudissements, heureusement, ça réchauffe !

La presse locale a rapporté l'événement, la télévision régionale l'a filmé. Le recteur d'académie ne peut plus faire semblant de ne pas savoir. Il faut qu'il donne les moyens supplémentaires réclamés par les manifestants, et vite. Sinon, probablement, la prochaine fois, le collège sera occupé par ces mêmes manifestants. A l'intérieur, il fait plus chaud...