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Leur société
PS : Chacun pour soi
Le 15 décembre, à la Grande Arche de la Défense, s'est tenue la convention nationale du Parti Socialiste qui a intronisé ses candidats aux élections législatives de juin prochain.
Sur 577 circonscriptions, 448 ont été attribuées. Sauf nouveau rebondissement, la foire d'empoigne pour la répartition des places de députés est donc en voie d'achèvement au Parti Socialiste. Reste à savoir si les circonscriptions que le PS réserve aux Verts et au Parti Radical de Gauche satisferont les deux compères. Trente-trois, ce n'est pas la pointure du petit PRG, mais ce que le PS a réservé à son docile petit clone, de même que 41 circonscriptions pourraient être la chasse gardée des Verts grâce au bon vouloir socialiste.
Parmi les candidats annoncés par le PS figurent bien sûr Jospin et la plupart de ses ministres dont certains, après leur bide aux élections municipales, ont préféré changer d'air et aller voir ailleurs si le climat allait mieux leur réussir.
C'est le cas de Guigou, la ministre de l'Emploi, qui, mal-aimée à Avignon (Vaucluse), a migré vers le nord, dans la 9e circonscription de Seine-Saint-Denis qui englobe les communes de Romainville, Noisy-le-Sec et une partie de Bondy. C'est sûr qu'elle se trouve ainsi plus près de son ministère. Mais pour ce qui est de la distance entre elle et ses éventuels électeurs, ça ferait plutôt penser à deux mondes. Depuis plusieurs mois, comme dans l'ensemble du pays, le chômage est reparti à la hausse dans la Seine-Saint-Denis, où les demandeurs d'emploi sont désormais plus de 77 000 (11, 3 %).
Rien qu'à Romainville, des centaines d'emplois ont récemment disparu dans la plus grosse entreprise de la commune, à Aventis Pharma (ex-Roussel-Uclaf), un groupe pharmaceutique riche à milliards. De même, cette ville est une de celles du département où l'on recense le plus grand nombre de jeunes sortant de l'école sans aucun diplôme. Mais une ministre du PS, à l'égal des hommes de ce parti, ne manque pas de culot pour briguer une sinécure à l'aide des suffrages populaires, alors qu'en tant que ministre de l'Emploi, elle ne fait que défendre le droit du patronat à licencier comme bon lui semble.
Quant à Lang, après s'être fait souffler la mairie de Paris et tailler une veste aux municipales à Blois, il espère cette fois se tailler un fief dans le Calvados, dans la circonscription de Caen-2. Sauf qu'elle est détenue depuis 1973 par un autre ex-ministre PS, Mexandeau. Celui-ci soutient Lang comme la corde soutient le pendu, déclarant au journal Ouest-France : "L'arrivisme sans principe ne mène pas loin. La différence entre lui et moi, c'est que lui a perdu une ville qui était à gauche". Bref, c'est un vrai combat de chiffonniers entre "représentants du peuple" qui s'y entendent pour spéculer sur les suffrages d'une élection prévue dans six mois.
En revanche la secrétaire d'État au Budget, Florence Parly, qui n'a jamais été élue, jouerait plutôt les enfants gâtées, ayant déjà écarté la 5e circonscription des Hauts-de-Seine, l'Ariège parce que "c'est trop loin", ainsi que la Saône-et-Loire parce que c'est "mal desservi". Ce qui lui a valu, d'après Le Monde, la remontrance suivante de Fabius, son ministre de tutelle : "Réfléchissez bien, Florence. Là-bas, c'est comme chez moi (Seine-Maritime), les électeurs ne savent même pas qu'on peut voter autre chose que socialiste". Histoire, sans doute, d'égaler la droite dans son mépris des électeurs.