- Accueil
- Lutte ouvrière n°1744
- Portugal : Le parti socialiste désavoué
Dans le monde
Portugal : Le parti socialiste désavoué
Aux élections municipales portugaises du 16 décembre, le Parti Socialiste a subi un net revers. Sur 308 municipalités dans le pays, il n'en dirigerait plus que 98, au lieu de 128. Le Parti Social-Démocrate, de droite, en dirigerait 144, au lieu de 127.
Le PS a perdu les principales villes : Lisbonne, Porto, la seconde ville du pays, Coimbra, Faro, Sintra, Setubal, etc. Cette dernière ville a été gagnée par le Parti Communiste Portugais. Mais le PCP est aussi en recul. Il a perdu Evora et Loures.
Quant au Bloc de Gauche, l'extrême gauche, qui se présentait pour la première fois aux municipales, ses résultats sont aussi en recul par rapport à ceux des présidentielles de janvier 2001.
Les raisons de cet échec du PS, et de la gauche en général, tiennent à la politique qu'il mène depuis six ans au gouvernement et dans bien des communes, une politique que la droite ne désavouerait pas. Par exemple, lorsque l'Assemblée à majorité socialiste a voté une loi libéralisant l'avortement, le Premier ministre a imposé, avec l'appui de la droite et de l'Eglise catholique, un référendum refusant cette libéralisation.
Il y a la crise économique que le pays subit depuis deux ans. Mais le gouvernement PS a géré cette crise en faveur du patronat et des riches. Les petites gens et la classe ouvrière sont déçus, et une partie l'a manifesté en s'abstenant ou en votant à droite.
Il y a aussi les "affaires" dans lesquelles des dignitaires du PS ont trempé. A Lisbonne, le maire Joao Soares, fils de l'ancien président, a couvert les manoeuvres illégales de l'ancien ambassadeur américain Carlucci ou de la chaîne de grands magasins Corte Ingles. Les conseillers municipaux du PCP sont restés solidaires du maire. Mais bien des militants et électeurs communistes rechignaient à voter dans la capitale pour ce PS corrompu et qui, dans les autres villes, faisait campagne contre le PCP.
Le Premier ministre Guterres a pris sur lui la responsabilité de la défaite. Il a présenté sa démission, déclarant : "Ce qui compte, c'est de rétablir la confiance entre gouvernants et gouvernés." Il est possible que la crise amène la dissolution de l'Assemblée élue en 1999 et des élections anticipées. Mais une majorité et un gouvernement de droite ne seraient pas plus décidés qu'une nouvelle majorité PS de s'en prendre à la bourgeoisie.