DDE Isère : 14e jour de grève24/12/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/12/une-1744.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

DDE Isère : 14e jour de grève

Mercredi 5 décembre, la fédération CGT de l'Equipement appelait à une journée d'action nationale avec manifestation à Perpignan, où des militants passaient en procès pour avoir organisé le barrage d'un pont qui aurait provoqué la chute d'un policier en moto.

Ce même mercredi, en Isère, à l'appel de la CGT, environ 180 agents réunis en assemblée générale décidèrent de continuer la grève. Depuis ce jour, la grève touche la plupart des subdivisions du département et une partie des services centraux de la direction à Grenoble, soit environ 350 des 1 100 agents (encadrement compris) que compte la DDE. Les agents d'exploitation qui travaillent sur les routes et les ouvriers des parcs qui entretiennent les véhicules et les engins, sont à plus de 60 % en grève.

Après plusieurs actions et interventions lors des différentes réunions pour l'application de l'ARTT au 1er janvier 2002 (voir article LO N°1738), la direction a dû reculer sur la flexibilité qu'elle voulait mettre en place sur le secteur des autoroutes.

Maintenant, les grévistes réclament plus. Ils exigent des embauches et en priorité celles des vacataires dont certains sont en grève, une véritable RTT et la récupération des 4 jours de congés acquis que le ministère veut supprimer. Le mécontentement porte aussi sur les salaires très bas pour les agents des routes mais aussi pour la majorité de ceux des bureaux (du SMIC à l'embauche à 8 300 F maxi en fin de carrière).

Au 1er janvier, le ministre de l'Équipement J-C Gayssot a décidé de forfaitiser les primes pour travaux dangereux, salissants, etc. que les agents touchent tous les mois et de reverser "une prime technique" variable d'un agent à l'autre selon le poste occupé. En Isère, le directeur, propose une prime d'un montant annuel pouvant aller de 3 000 F à 8 000 F par agent. Les grévistes refusent ce système inégalitaire et revendiquent 950 F par mois, intégrés au salaire, pour tous les agents d'exploitation.

Lors de cette première AG, un gréviste a proposé de déposer les camions et chasse-neige sur le parking du parc véhicules de la DDE, dans la banlieue grenobloise et d'apporter toutes les clés à l'AG du lendemain. Cette proposition a été adoptée par l'ensemble des grévistes et depuis 85 camions se reposent tandis que leurs clés sont en sécurité. Les grévistes ont réquisitionné les fourgons et les véhicules légers pour les manifestations et leurs déplacements journaliers (beaucoup travaillent loin de Grenoble où se tiennent les AG). Les camions restent en réserve, pour le moment... Les grévistes sont très actifs et déterminés, à tel point que la poursuite de la grève est une question qui ne se pose même plus. La semaine dernière, il n'y eut qu'un seul vote en fin de semaine, qui a reconduit la grève à l'unanimité. Tous les jours les AG regroupent 250 à 280 grévistes. Par trois fois, nous étions plus de 200 à lever les barrières des péages d'autoroutes du département, dont le principal se trouve à une centaine de kilomètres de Grenoble. Autant dire que les automobilistes ont apprécié l'autoroute publique et gratuite !

Lundi 10, après un petit tour au rassemblement des grévistes de l'Éducation nationale, nous sommes allés, avec les fourgons, à la rencontre de la ministre de la Communication et de la Culture, Catherine Tasca, en visite au Musée de Grenoble. Celle-ci s'est dérobée par une petite porte, laissant la police s'occuper de "communication" avec les grévistes. Le Dauphiné Libéré titrait le lendemain : "La culture... mais pas du dialogue".

Jeudi 13, nous étions encore plus nombreux (environ 300) avec les fourgons, pour bloquer les accès à l'aéroport de Lyon (Saint-Exupéry) et à la gare TGV. La centaine de CRS fut plutôt débordée. Le lendemain, nous avons envahi le Conseil général et pris place dans les fauteuils confortables de l'hémicycle du Conseil pendant qu'une délégation était reçue par des élus. Ce mardi, en faisant une opération escargot sur l'A7, nous avons rejoint nos collègues de la Loire en grève, à Givors. Le directeur départemental et le préfet se disent impuissants et attendent les ordres du ministère. Mais les deux compères ne restent pas pour autant inactifs. Pendant que l'un fait des notes de menace pour l'utilisation interdite des véhicules et paie un huissier pour relever les numéros d'immatriculation, l'autre nous fait suivre partout par ses RG (Renseignements Généraux), quand il n'envoie pas ses gendarmes porter les ordres de réquisition aux grévistes. Mais leur agitation n'impressionne personne. Ces derniers jours, le mouvement se répand ; plus de trente départements sont en grève illimitée. Plusieurs DDE sont occupées, comme celle des Alpes de Haute-Provence pour la quatrième semaine. Dans la région Rhône-Alpes, les agents de la Loire et de l'Ardèche sont en grève. Le moins que l'on puisse dire c'est que les syndicats nationaux n'ont pas poussé et en particulier la fédération CGT de l'Equipement. Elle a attendu le 12 décembre pour déposer, auprès de Gayssot, un préavis de grève nationale illimitée. Beaucoup attendent ce mercredi car Gayssot devrait présider lui-même le CTP ministériel et y faire des annonces. A suivre...

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