Retraites : Les patrons doivent payer14/12/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/12/une-1743.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C164%2C225_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites : Les patrons doivent payer

Le conseil d'orientation des retraites, le Cor, un organisme composé de syndicalistes, de représentants patronaux (Medef excepté) mis en place par Jospin en mai 2000, a remis un rapport le jeudi 6 décembre sur la réforme du système des retraites par répartition. Il y aurait un problème pour financer les retraites, selon le Cor, puisque les personnes en âge de partir à la retraite seront plus nombreuses, et que l'espérance de vie sera plus longue. La part de la richesse nationale consacrée aux retraites est aujourd hui de 12,1 %. Elle était de 4,4 % en 1959, elle serait alors, en 2040, de 17,8 %. La " solution " que suggère le Cor, même s'il reste prudent, serait de faire payer essentiellement les salariés.

Et pour ce faire, il est envisagé l'allongement de la durée de cotisation, le recul légal de l'âge de la retraite, la hausse des cotisations, qui pourraient alors passer pour les salariés du secteur privé de 29,7 % du salaire brut en 2020, à 34,9 % du salaire brut, en 2040, ainsi que l'alignement de la durée des cotisations des fonctionnaires sur celle des salariés du privé. En effet depuis 1993, sous Balladur, la durée de cotisations dans le secteur privé a été progressivement prolongée à 40 années de cotisation, et le calcul des pensions modifié puisqu'elles sont désormais calculées sur les 25 meilleures années, au lieu des 10 dernières années auparavant.

Cette attaque de Balladur contre les salariés avait été suivie, en 1995, de la tentative de Juppé de s'attaquer aux retraites des travailleurs du secteur public, qui avait réussi à provoquer la vague de grèves des cheminots et du secteur public. La menace d'une réaction des salariés explique la prudence du rapport du Cor et celle de Jospin qui parle de " prendre à bras le corps " le problème des retraites... plus tard, " dès le début de la prochaine législature ", c'est-à-dire après les élections.

Le Medef, dans sa guerre contre les salariés, affirme que ce serait à eux de payer la note. Le patronat envisage même d'allonger la durée de cotisation à 45 ans, et continue à vouloir aligner la situation des salariés du secteur public sur ceux du privé, au nom de l'égalité. Il prône bien sûr la création de fonds de pension, c'est-à- dire de retraites par capitalisation. Il y aurait ainsi les salariés ayant les moyens de mettre de l'argent de côté pour leur retraite, et les autres.

Le Cor, et le Medef présentent la situation à leur façon. Certes les retraités, vivant plus vieux, seront plus nombreux à l'avenir. La part de la richesse nationale consacrée aux retraites sera peut-être de 17,8 % en 2040, mais ils ne tiennent pas compte délibérément du fait que cette richesse aura été multipliée, au moins par deux, si on s'en tient au rythme de développement de ces dernières années. En outre, ces hypothèses se fondent sur le fait que se maintiendrait un fort taux de chômage.

Le gouvernement Jospin, qui a appliqué les réformes de ses prédécesseurs de droite, et le Medef envisagent de faire payer les salariés mais surtout de ne rien prendre sur la fortune accumulée depuis des années par les actionnaires. Partir à la retraite avant d'être complètement usé, et avec de quoi vivre correctement, devrait pourtant être un droit reconnu à tous les salariés.

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