En 2000, la préfecture de police de Paris a fêté son bicentenaire. Ce fut pour elle l'occasion de faire sa propre promotion en publiant un petit livre à prétention scientifique, intitulé modestement La Préfecture de police au service des Parisiens. Fidèle à ses traditions pour préparer l'avenir. Maurice Rajsfus et Jean-Luc Einaudi n'ont pas manqué de relever la grande discrétion de l'ouvrage sur deux événements importants dans lesquels la police parisienne joua un rôle de premier plan.

Ce fut tout d'abord, en région parisienne, la rafle de la population d'origine juive qui se déroula le 16 juillet 1942 et fut appelée " rafle du Vél d'hiv ", du nom du lieu où la majeure partie des interpellés furent rassemblés avant leur déportation dans les camps de concentration nazis. Ensuite, à Paris, le 17 octobre 1961, quand la police parisienne chargea avec une violence extrême les manifestations de travailleurs algériens de Paris et de banlieue venus protester, à l'appel du FLN, contre le couvre-feu qui leur était imposé. Des milliers de manifestants furent interpellés, frappés, tabassés, des centaines disparurent, on repècha de nombreux corps dans la Seine.

Dans le texte de la préfecture de police, le premier événement est expédié en une phrase : " La police parisienne fut sollicitée pour la grande rafle qui groupa au Vélodrome d'hiver des milliers de Juifs ". Pour le second comme pour l'ensemble des interventions de la police durant les années de la guerre d'Algérie, le texte policier constate de façon tout aussi lapidaire que " La police fut constamment à pied d'oeuvre pour assurer la paix publique "...

En quelques pages rapides, brièvement mais fermement, Einaudi et Rajsfus rappellent ce que fut la réalité des agissements de la police. Un petit livre bien utile pour se rafraîchir la mémoire, sinon pour apprendre ce que furent ces journées.

Alain Valler

Les Silences de la police, 16 juillet 1942, 17 octobre 1961. Jean-Luc Einaudi, Maurice Rajsfus, éditions L'Esprit frappeur, 20 francs.