Irlande : Un nouveau drame de l'immigration14/12/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/12/une-1743.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C164%2C225_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irlande : Un nouveau drame de l'immigration

Huit corps sans vie, dont ceux de deux enfants, ont été découverts le 8 décembre en Irlande du Sud, dans un conteneur arrivé d'Italie par camion, où l'on a aussi retrouvé cinq survivants, dans le coma.

Les premières informations faisaient état d'immigrés d'Europe de l'Est, il semble maintenant qu'ils seraient originaires de Turquie. En fait, peu importe, car d'où qu'ils viennent, une chose est sûre : ils en arrivent poussés par la misère, fuyant des régimes infâmes et avec l'espoir de trouver, ici, une vie meilleure.

Mais quand ils arrivent, ils ne trouvent le plus souvent que la surexploitation car, en les condamnant à la clandestinité, les Etats dits civilisés en font les proies désignées des requins du travail au noir. Et cela dans le meilleur des cas, si l'on ose dire. Nombreux sont, en effet, ceux qui n'arrivent même pas au bout du chemin, tels ces 58 Chinois morts étouffés dans un camion à Douvres en juin 2000 ou ces dizaines d'Africains qui, chaque mois, se noient en cherchant à franchir le détroit de Gibraltar sur des esquifs de fortune tout en évitant les systèmes de détection mis en batterie sur les côtes espagnoles.

Dans toute l'Europe de l'Ouest, on multiplie les centres de rétention où l'on parque tout un monde de réfugiés, de demandeurs d'asile (comme à Sangatte, à l'entrée du tunnel sous la Manche), quand il ne s'agit pas de sans-papiers confinés dans des conditions innommables avant leur expulsion, comme à l'aéroport de Roissy. Les Etats ouest-européens ont, ces dernières années, hérissé leurs frontières de barrières renforcées pour rendre leur franchissement encore plus difficile à ceux que la faim, la pauvreté, poussent à tout tenter pour y échapper (rappelons, un exemple parmi bien d'autres, que la SNCF vient d'annoncer avoir dépensé quatre millions pour renforcer le système de barbelés qui enclôt son dépôt de fret près de Calais).

Bien sûr, quand se produisent des drames comme celui survenu en Irlande, ou plutôt quand ils sont d'une ampleur telle qu'on ne peut les cacher, les autorités font part de leur horreur. Elles dénoncent - telle la ministre irlandaise entendue à la télévision - les organisateurs de cet ignoble trafic d'êtres humains. Des passeurs, quand ils se font pincer, sont certes condamnés. Mais les mêmes gouvernements n'en continuent pas moins, dans toute l'Europe, à prendre des mesures anti-immigration dont les principales sinon uniques victimes sont les immigrés eux-mêmes. Et ce ne sont bien sûr pas ces autorités qui iraient dénoncer le système capitaliste qu'elles servent. C'est pourtant ce système qui est responsable de la misère et des conditions infernales régnant sur les deux tiers de la planète, au point de pousser des centaines de milliers, des millions d'êtres humains sur les chemins de l'exil, dans des conditions terribles et au risque d'y laisser leur peau.

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