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Leur société
Troisième aéroport : Les protestations continuent
8 000 personnes se sont rassemblées le week-end dernier à Chaulnes, dans la Somme, pour protester contre l'annonce de la construction d'un troisième aéroport dans ce secteur du Santerre. Au-delà des arrière-pensées des politiciens de droite réunis à cette occasion avec le député-maire UDF d'Amiens Gilles de Robien, il y a une émotion certaine et justifiée de la population.
Car c'est bien elle qui risque d'être, au bout du compte, la seule victime de toute cette opération gouvernementale à visées électorales. Il faut rappeler que l'annonce de ce troisième aéroport est ressortie du chapeau du gouvernement pour avoir l'air de satisfaire les réclamations des populations riveraines de Roissy, et accessoirement d'Orly, c'est-à-dire d'une population nombreuse, avec beaucoup d'électeurs, demandant l'assurance que les nuisances actuelles ne soient pas en augmentation dans l'avenir.
Et si les populations de la région de Chaulnes sont en colère, c'est qu'elles ont le sentiment justifié qu'on s'est servi d'elles comme dérivatif, sans les consulter préalablement, sans discuter une seconde auparavant des problèmes que cela pourrait soulever. Il avait fallu de multiples manifestations et protestations, tout de suite après cette annonce, pour que le gouvernement se penche sur le problème des conséquences, pour les petites gens de la région, de la perte brutale de toute valeur de leur maison, acquise parfois après bien des sacrifices. Car dorénavant il est inutile de penser revendre sa maison.
Il est donc compréhensible que la colère ne soit pas retombée. Car si même les habitants du secteur avaient l'assurance d'être indemnisés... dans 20 ans, et au prix d'avant l'annonce gouvernementale, pendant tout ce temps ils sont bloqués.
Or nul ne peut dire si ce projet verra véritablement le jour en 2020. Mille choses peuvent se passer. Le gouvernement de droite pendant les années 1990 avait bien choisi, lui aussi, un site pour ce fantôme de troisième aéroport, pour les mêmes raisons que la gauche : c'était à Beauvilliers dans l'Eure-et-Loir. Le projet qui fut finalement abandonné, avec pour seule conséquence d'avoir tout paralysé dans la région sans aucune indemnisation, puisqu'il n'y avait pas eu finalisation du projet.
L'annonce de Gayssot, le ministre des Transports, ne s'est accompagnée d'aucun crédit d'aucune sorte. Après les élections on pourrait très bien voir les vrais décideurs, la Chambre de commerce de Paris et les compagnies aériennes, dicter leur loi, puisqu'elles annoncent que Roissy pourrait encore largement augmenter son trafic. Aujourd'hui comme demain, on peut être sûr que les choix faits par les gouvernements ne le sont jamais en accord et dans le respect des populations, où qu'elles soient. À moins qu'elles ne se mobilisent pour imposer qu'il en soit autrement.