Cliniques privées : Les patrons empochent 1,7 milliard, les infirmières, elles, n'auront rien07/12/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/12/une-1742.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Cliniques privées : Les patrons empochent 1,7 milliard, les infirmières, elles, n'auront rien

À peine le gouvernement avait-il cédé aux patrons des cliniques privées une rallonge de 1,7 milliard de francs que la Fédération de l'hospitalisation privée annonçait qu'il n'y aurait pas de revalorisation salariale pour les personnels cette année.

C'est délibérément que le gouvernement Jospin a choisi de verser de nouvelles aides publiques au patronat de l'hospitalisation privée. Il savait parfaitement à quoi s'en tenir quant au prétexte, culotté, qu'invoquaient les patrons du privé : augmenter leurs infirmières. Lors des négociations, les patrons des cliniques privées n'avaient d'ailleurs même pas fait mystère de ne vouloir consacrer, disaient-ils avant d'en rabattre encore, que 600 millions aux salaires du personnel soignant, le reste, plus d'un milliard, allant... à leurs bonnes oeuvres (les salaires des médecins qui, eux, sont le plus souvent mieux payés que dans le secteur public et les investissements destinés à rendre ces cliniques encore plus profitables pour leurs actionnaires).

Le gouvernement n'a pas bronché et a allongé ce qu'on lui réclamait, comme il le fait avec n'importe quel secteur de la bourgeoisie qui tend encore et toujours la main : il n'a rien à refuser à ces gens-là car il est de leur côté et se considère à leur service.

Et quand les patrons des cliniques privées invoquent leurs "difficultés" économiques, là encore, le gouvernement se garde bien d'aller y voir de plus près. Les salaires et honoraires versés aux médecins dans ces cliniques, le fait que beaucoup se servent de l'hôpital public pour rabattre la "clientèle" vers le privé ou encore le fait que les cliniques privées refusent de prendre en charge des traitements ou interventions qu'elles ne jugent pas assez rentables, le gouvernement aurait estimé de mauvais goût d'en parler. Et plus encore de demander des comptes à ces cliniques, et aux groupes financiers auxquels nombre d'entre elles appartiennent.

Au lieu de cela, les ministres de Jospin chargés de la Santé préfèrent invoquer la "complémentarité des deux systèmes de santé", le privé et le public, voire vanter l'"efficacité économique" du premier, en évitant de dire que le second assume toutes les missions, coûteuses, d'intérêt général : enseignement médical (telle la formation des internes, donc de ceux des médecins qui iront ensuite exercer dans le privé), recherche et innovation médicales, urgences, permanence des soins, prise en charge des malades précaires...

Rien de cela ne pèse sur les comptes des cliniques privées, en revanche elles en profitent largement. Et puisque leurs patrons peuvent sous-payer leur personnel soignant avec, en prime, la bénédiction et les largesses du gouvernement Jospin, pourquoi s'en priveraient-ils ?

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