Afghanistan : La sale guerre continue07/12/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/12/une-1742.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afghanistan : La sale guerre continue

Pendant que, sous l'égide de l'impérialisme, les factions rivales s'étripent à Bonn pour se partager les dépouilles du régime des talibans, la guerre pour éliminer celui-ci n'est toujours pas finie sur le terrain. Et pas seulement à Kandahar, la capitale régionale du sud dont on nous annonce la chute imminente depuis des semaines.

Après avoir nié toute responsabilité dans le bain de sang de la prison de Qala-e-Janghi, le 25 novembre, l'état-major américain a fini par admettre trente raids aériens contre les prisonniers mutinés. Le massacre aura fait plus de cinq cents victimes. Il a aussitôt entraîné de violentes émeutes au Pakistan, où le JUI, le parti intégriste pakistanais lié aux talibans, formerait ouvertement des commandos dans les camps de réfugiés afghans pour aller "venger les martyrs de Qala-e-Janghi".

Le 30 novembre, l'aviation américaine rasait deux villages dans la région de Jalalabad, faisant 70 morts dans la population - une région pourtant réputée "libérée" depuis deux semaines d'après les déclarations officielles. Le haut état-major américain a eu beau nier et dénoncer la propagande pro-talibans, ajoutant que ses forces dans la région ne font que donner la chasse aux hommes d'al-Qaida, cette fois les correspondants étrangers présents dans la région ont pu prendre les galonnés en flagrant délit de mensonge.

Deux jours plus tard d'ailleurs, les généraux américains reconnaissaient dans un communiqué qu'il existait encore au moins "quatre poches de résistance talibanes en dehors de Kandahar", toutes les quatre au nord du pays.

Quant à Kandahar, ce bastion des talibans n'en finit plus de tomber, malgré le bombardement permanent de l'agglomération. Non seulement les talibans ne se rendent pas et leurs alliés locaux refusent de se laisser acheter (comme tant d'autres ailleurs dans le pays) mais l'aéroport de la ville, dont la prise avait été annoncée il y a deux semaines, est en fait toujours en partie sous contrôle taliban. Qui plus est, on apprend à la faveur d'une escarmouche entre patrouilles adverses, que les talibans tiennent toujours Laskhar-Gar, une capitale provinciale située à 136 km de Kandahar, ainsi que la route qui y mène à partir de Kandahar et l'essentiel de la région située entre cette route et la frontière pakistanaise au sud. Autant dire que Kandahar n'est même pas le "dernier" bastion des talibans.

Du côté américain, les autorités n'ont pas manqué d'avancer de bonnes excuses pour expliquer l'enlisement de la guerre dans le sud. Selon eux, tout serait de la faute des "talibans étrangers", parmi lesquels, bien sûr, beaucoup seraient des hommes de Ben Laden. Évidemment, cela permet du même coup aux autorités américaines de justifier aujourd'hui tous les bombardements et demain, peut-être, toutes les atrocités - comme celles qu'ils ont fait subir aux mutins de Qala-e-Janghi.

Mais en fait, cela seul ne peut expliquer ces semaines de résistance de toute une région. Les deux mois de bombardement du pays par l'aviation américaine, les victimes innocentes, les destructions aveugles, et la progression de chefs de guerre ethniques connus pour leur cruauté, sont peut-être en train de redonner aux talibans, malgré tout, un certain soutien dans la population pachtoune !

Mais ni les sentiments ni les intérêts des peuples ne comptent dans les raisonnements des leaders de l'impérialisme.

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