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Leur société
Paris : Allez stationner dehors
La nouvelle majorité socialo-verte de Paris a trouvé une astuce pour résoudre (en théorie du moins) le problème du stationnement sans mécontenter les Parisiens.
A l'occasion du passage à l'euro, il va falloir changer, à Paris comme ailleurs, les tarifs des horodateurs. La municipalité a donc décidé de remplacer les anciens tarifs de 5 F, 10 F, et 15 F, de l'heure par des nouveaux tarifs de 1, 2 et 3 euros, ce qui fait plus de 30 % d'augmentation.
Cette hausse, décidée sous l'égide de Denis Baupin, maire adjoint " Vert " chargé de la circulation et du stationnement, a pour but déclaré de " dissuader les automobilistes venant de banlieue de prendre leur véhicule. Elle doit les encourager à recourir à d'autres moyens de transport pour rallier la capitale. "
Seulement le problème est précisément que ces " autres moyens " ne sont pas suffisants, et parfois même, pour certaines banlieues, inexistants.
Il faudrait préalablement à toute autre mesure améliorer considérablement les transports collectifs, ce que n'ont fait ni Jospin, ni Voynet, ni Gayssot, et que ne font ni Contassot, ni Delanoë, ni Baupin. En faveur des transports en commun, on n'entend que des discours.
Les banlieusards qui doivent venir à Paris auront donc le choix, soit de s'entasser un peu plus dans des transports en commun où l'on perd un temps fou, soit de payer encore plus cher le stationnement. Les plus riches, qui ne sont pas à quelques euros près, pourront stationner où ils veulent. C'est la sélection par l'argent.
Envers les Parisiens, en revanche, la mesure annoncée est l'inverse : une baisse considérable pour le stationnement dit " résidentiel " (aux alentours de son lieu d'habitation). Le tarif passera de 15 F par jour à 0,50 euro, soit une baisse de 80 %. Bien entendu les Parisiens, qui prendront leur voiture pour stationner dans Paris ailleurs que près de chez eux, payeront le tarif fort. Mais Paris justement est beaucoup mieux équipé en transports collectifs que la banlieue.
Le but de cette manoeuvre est donc très clair : il s'agit de dissuader les banlieusards les plus désargentés de venir dans Paris. Cela fera un peu de place pour les autres. Les banlieusards n'auront qu'à se débrouiller comme ils pourront, mais ils ne seront pas les bienvenus dans la capitale, du moins pas en voiture.
Les Delanoë-Baupin sont à l'échelle de la capitale, comme Jospin-Gayssot-Voynet à l'échelle du pays, en faveur de la bourgeoisie petite ou grande, et contre les travailleurs. Même les tarifs du stationnement en font foi.