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Marseille-Fos : La grève du port autonome
Les 1 460 personnes qui travaillent au PAM, Port Autonome de Marseille et Fos, qui vient de connaître près de deux semaines de grève, vident et remplissent les formes de radoub, contrôlent, réparent, déplacent les grues ou entretiennent les passerelles, les entrepôts, les vestiaires, etc. Tout cela peut être utilisé par les entreprises de réparation navale, de manutention, et les compagnies de navigation.
Le PAM comprend en fait deux grands bassins. C'est au nord, à Fos-sur-Mer et Port Saint-Louis, que le trafic est le plus important puisque c'est le grand port des hydrocarbures et des produits chimiques destinés aux raffineries et aux usines chimiques autour de l'étang de Berre, mais aussi d'autres régions de France ou d'Europe (Suisse et Allemagne), où ils sont envoyés par pipelines. Au sud, les passagers et aussi les conteneurs transitent par le bassin de Marseille.
La grève a débuté à Fos le mercredi 14 novembre, à l'appel de la CGT. Les grévistes demandaient dix jours de RTT que la direction semblait avoir oublié dans ses comptes, le départ à la retraite à 50 ans pour ceux qui avaient travaillé sur des produits liquides toxiques, la réduction du temps de travail des postés en 3x8 et, enfin, l'augmentation des effectifs. Mais les travailleurs sont aussi inquiets de la privatisation rampante qui menace le PAM. Beaucoup se rapprochent de l'âge de la retraite, mais seuls des chefs sont embauchés. Les ouvriers qui partent ne sont pas remplacés. Il y a de moins en moins de monde dans les vestiaires et les cantines deviennent des réfectoires ou sont fermées. Tout cela inquiète beaucoup les travailleurs, car ils ont le sentiment qu'après eux, pratiquement tout va être privatisé. C'est cette privatisation qu'ils voient aussi dans la concession à Atofina du nouveau poste de déchargement chimiquier K1 qui doit être mis en service au début 2002.
Les grévistes demandaient que les travaux de branchement-débranchement et de maintenance restent du ressort du port. Atofina veut les faire effectuer par son personnel, en expliquant qu'ainsi la sécurité serait mieux assurée. La sécurité garantie par Atofina, cela fait frémir !
La direction du port a déclaré que tout ce qui serait obtenu dans les négociations serait remis en cause si le syndicat revendiquait sur ce problème. C'est cela en fait qui a élargi le mouvement à Marseille, le lundi 19 novembre. Des portes ont été soudées ou bloquées par des grues ou des conteneurs. Les bateaux s'alignaient en rade. Vendredi 23, des CRS prenaient position devant les portes du port. La direction et les organisations patronales diffusaient des bilans alarmants sur les conséquences du conflit pour l'avenir du port, parlant de " 40 escales, 1 000 remorques et 10 000 conteneurs perdus " et enfin que, " concernant la pétrochimie, l'unité d'extraction de benzène de BP a été arrêtée et le complexe de Lavera envisage de " mettre bas les feux " mardi ou mercredi, suivi par celui de Berre ". En même temps, côté passagers, les bateaux de la SNCM et de la CMN étaient déroutés sur Toulon, alors que les grévistes ne gênaient pas cette activité du port.
Lundi 26 novembre, en fin d'après-midi, après une discussion animée, une assemblée générale votait la fin de la grève. Une minorité voulait continuer le mouvement. Des grévistes s'abstenaient. Les propositions en provenance du ministère des Transports promettaient 30 embauches d'ici fin décembre, la réduction à 32 h 54 hebdomadaires du travail des postés en 3x8. Quant aux jours de grève ils seraient déduits pour moitié des congés, le reste étant retenu, à raison de deux jours par mois.
Pour le poste K1, la direction restait sur ses positions. La CGT précisait qu'elle se réserve de recourir à la justice sur ce point.
Enfin, la direction renonçait à des poursuites judiciaires mais maintenait ce qu'elle appelait " les plaintes pour délits individuels qui feront l'objet d'une appréciation de la direction après la reprise du travail ".
Du coup, malgré le vote, la grève a continué mardi 27 novembre.