Saint-Denis(93) : La Saria dégage du profit... ... et des mauvaises odeurs23/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1740.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Leur société

Saint-Denis(93) : La Saria dégage du profit... ... et des mauvaises odeurs

Vendredi 9 novembre, à l'appel des associations de riverains, mille personnes environ ont défilé dans Saint-Denis pour protester contre la Saria, une entreprise de recyclage de déchets de boucherie qui empeste la ville depuis des années. En criant "Son directeur est à Passy, ses actionnaires sont à Neuilly mais l'air pourri, c'est pour Saint-Denis", la manifestation s'est rassemblée dans une joyeuse ambiance devant l'entreprise.

La Saria appartient à un groupe florissant qui a 14 sites en France, et qui a fait l'an dernier 753 millions de bénéfices.

Les riverains de l'usine subissent les effluves de cette entreprise depuis plus de trente ans, mais depuis environ huit mois, les odeurs gagnent du terrain et se répandent dans toute la ville. Dans les écoles primaires et maternelles du coin, les enseignants gardent parfois les élèves dans les salles lors des récréations, parce qu'ils ont des nausées s'ils sortent dans la cour.

Le groupe a en effet considérablement augmenté son activité et l'usine tourne jour et nuit, même le week-end. Environ 2 000 tonnes de farines animales sont stockées sur place et encombrent à l'air libre les abords de l'usine, qui manque de hangars frigorifiques.

Du coup, les arrivées de carcasses ou de viande à traiter sont aussi stockées dehors, la viande pourrit et cette viande faisandée, lorsqu'elle est brûlée, dégage des odeurs encore plus pestilentielles.

Les pouvoirs publics ferment les yeux depuis des années. Aucune enquête de santé publique n'a été jusqu'à présent réalisée, personne ne peut assurer aux riverains que les fumées qui émanent de l'usine ne sont pas toxiques. La Direction générale de l'Eau et de l'Assainissement du Conseil général a par ailleurs confirmé que la Saria rejetait des résidus dans la Seine.

Suite à la mobilisation des riverains, la préfecture avait déjà publié le 7 juin un arrêté de mise en demeure qui contraignait l'entreprise à réaliser, d'ici six mois, des travaux pour éviter l'émission de ces odeurs. Or le délai a presque expiré, et les travaux n'ont rien donné. L'entreprise a continué à pousser au maximum sa production. Et tant pis pour la gêne occasionnée aux riverains, et pour les nuisances que subissent les salariés de l'entreprise qui travaillent coincés entre les stocks de farines animales et les amas de viandes avariées.

A la suite de la manifestation, les dirigeants de la Saria ont à nouveau reçu une délégation des associations et des représentants des riverains, pour leur dire qu'ils consentaient à investir 4 millions pour limiter à 97 % les nuisances olfactives mais que, pour les réduire totalement, il leur fallait investir 17 millions. C'est déjà un premier succès à mettre au compte de la mobilisation des riverains, car il y a six mois, la direction ne voulait rien faire. Mais tout de même, cela ne fait pas le compte. Pour les riverains exaspérés, les chiffres de la direction ne veulent rien dire, d'autant que, quinze jours avant, la direction de la Saria en avait donné d'autres. Le directeur de la Saria, très arrogant à l'égard de la délégation, a prétendu ne pas avoir les moyens d'investir davantage et a menacé de fermer l'entreprise. Il fait du chantage à l'emploi, exigeant pour réaliser ces travaux que l'État les subventionne. Pourtant, le groupe a investi beaucoup d'argent dans les autres entreprises. Ce n'était certainement pas des travaux de mise en conformité, mais cela prouve en tout cas qu'il a les moyens de mettre aux normes une usine dans laquelle il n'a pas investi un centime depuis des années.

Ce n'est certainement pas à l'État de subventionner ces travaux. Le gouvernement, s'il était vraiment au service de la population, devrait mettre immédiatement les biens de cette entreprise sous séquestre, pour l'obliger à se mettre aux normes. Mais il n'est pas près de le faire puisque la préfecture a prolongé l'arrêté de mise en demeure jusqu'au 17 janvier, date à laquelle la Saria doit avoir réalisé ces premiers travaux. Les habitants de Saint-Denis ont fait reculer la Saria en se mobilisant, ils doivent continuer. Rendez-vous a été pris en janvier pour retourner voir les patrons de la Saria et vérifier qu'ils ont tenu leurs promesses.

A la deuxième réunion en sous-préfecture qui a eu lieu le 15 novembre, les associations des riverains ont appris le refus du ministre de l'Environnement, le Vert Yves Cochet, de la demande qu'ils avaient formulée d'une CLIS (Commission locale d'information et de surveillance) de la Saria. Cette CLIS permettrait pourtant de mieux surveiller l'activité de cette entreprise, de la visiter, etc. Pourtant, à cette même réunion, les associations ont pris connaissance d'un rapport de la DDASS (Direction départementale des affaires sanitaires et sociales) faisant état de nuisances réelles entraînant une atteinte à la qualité de vie. Mais tout cela, Yves Cochet s'en moque. Lorsqu'il s'agit de s'en prendre aux patrons, les préoccupations environnementales des Verts disparaissent !

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