Projet de troisième aéroport : Le mépris du gouvernement pour la population23/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1740.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Leur société

Projet de troisième aéroport : Le mépris du gouvernement pour la population

Depuis que le gouvernement a fait savoir qu'il choisissait les environs de la ville de Chaulnes, dans la Somme, comme site d'un éventuel troisième aéroport international, les manifestations de protestation se succèdent, montrant l'émoi des populations concernées. C'est que, pour arrêter ce choix, la seule chose sûre est qu'on ne s'est pas le moins du monde préoccupé de l'avis et des problèmes des populations de milieux modestes qui habitent dans cette partie du Santerre. Celles-ci ont appris la nouvelle par la presse et la télévision, et ce n'est que maintenant, alors que la protestation enfle, que le préfet de la Somme est envoyé par Jospin et Gayssot pour donner des assurances, verbales pour l'instant.

Cet aéroport reste pour l'instant un projet à l'horizon 2020, dont nul ne peut être sûr qu'il verra le jour. L'important pour le gouvernement n'est pas là, il s'agissait de pouvoir en faire l'annonce vis-à-vis des riverains de Roissy et accessoirement d'Orly, qui se plaignent des nuisances actuelles. Il s'agit de secteurs très peuplés, et le gouvernement, à la veille des échéances électorales, en espère de bonnes retombées en suffrages au bénéfice de la gauche gouvernementale.

Seulement, les seuls qui en subissent immédiatement les conséquences sont les habitants de ce petit bout de Picardie qui semble avoir été choisi au jeu du moindre mal, c'est-à-dire qu'on a choisi un des endroits les moins peuplés, où on espérait en haut lieu que les réactions seraient limitées et contrôlables. Car du jour au lendemain, dès l'annonce faite, la petite maison, le petit appartement achetés par des gens modestes au bout d'une vie de travail ne valaient plus rien. Ceux qui seraient expropriés... dans 15 ou 20 ans seraient spoliés, tout comme ceux qui voudraient partir sous des cieux plus paisibles ne le pourraient pas non plus, leur petit bien ne valant plus rien.

Comme il s'agit de gens aux modestes revenus, ni Jospin, ni Gayssot, ni leur envoyé spécial, Zémor, n'en avaient que faire. s'il s'était agi de gens riches, de patrons importants, Gayssot en personne serait venu leur demander leur avis, ce qu'ils souhaitaient, leur aurait garanti à l'avance de recouvrer l'essentiel et le superflu, le dos courbé et en leur cirant les bottes. Comme il l'a fait et continue à le faire en permanence vis-à-vis de tous les grands patrons du bâtiment et des travaux publics, ou comme pour Lagardère, le patron de Matra-Hachette, à qui, sous les ordres de Jospin, il a offert sans bourse délier Airbus et ses dividendes. Mais là il ne s'agissait que de petites gens.

On comprend, et on se sent totalement solidaire des populations qui se voient traiter de la sorte. La preuve qu'ils avaient et ont raison de protester est d'ailleurs que le représentant du gouvernement dans la région vient de déclarer légitimes leurs revendications. Lundi 19 novembre, le préfet Daniel Cadoux s'affirmait décidé à "prendre toute la mesure des problèmes locaux pour que la juste mise en oeuvre de ce projet soit humainement juste." Ainsi il promettait... pour 2002 une loi d'indemnisation des propriétaires dont les maisons seraient rasées, et qui seraient expropriés au prix existant avant l'annonce de l'aéroport. Et il ajoutait : "Les moyens ne seront pas comptés". Seulement, dans le même temps, Gayssot annonçait que les problèmes occasionnés par la mise en place de l'aéroport, et les terrains et propriétés qui pourraient être concernés par les aménagements nécessaires, s'étendraient dans un rayon de 10 kilomètres autour du site envisagé.

Ces promesses ne sont venues qu'après les manifestations et l'annonce de la démission de tous les maires du secteur. Et elles ne sont pas des assurances absolues. Le gouvernement qui est en train de distribuer des centaines de millions aux transporteurs aériens à la suite de leurs déboires commerciaux après le 11 septembre, subis ou à venir, montre encore une fois qu'il est bien le digne représentant des plus riches et que les besoins élémentaires de la population sont le cadet de ses soucis.

P.S.

Argenteuil-Bezons(95) : une grève victorieuse des gardiens des cités HLM

La nouvelle municipalité d'Argenteuil, dirigée depuis mars par un élu du RPR, affiche sa volonté de paraître meilleur gestionnaire que l'équipe précédente. Pour faire des économies, elle ne dénonce pas les banques dont les intérêts fabuleux récupérés de la dette d'Argenteuil grèvent pourtant les finances locales. Elle juge préférable de prendre dans la poche des habitants des quartiers populaires et peser contre leurs conditions de vie.

En octobre, elle a d'abord voulu opérer un petit larcin dans le cartable des élèves des écoles maternelles et primaires d'Argenteuil, en ne voulant pas fournir le reliquat des fournitures scolaires livrées habituellement à la rentrée. Mal lui en a pris. Les enseignants et les parents d'élèves s'étant immédiatement mobilisés, elle a dû rendre leurs affaires aux écoliers de la commune.

N'ayant sans doute pas assimilé la leçon, elle a voulu récidiver en s'attaquant aux revenus des gardiens de l'Office HLM d'Argenteuil-Bezons qu'elle dirige et qui regroupe plus de 11 000 logements. Elle voulait sans vergogne leur faire payer les charges des logements de fonction qu'ils occupent dans les cités, ce qui ne représente que du "salaire en nature". Elle désirait également leur supprimer les indemnités pour permanence le dimanche. Bref, elle voulait amputer leur salaire de 1 000 à 2 000 F par mois.

Son mauvais coup n'aura pas réussi. La grande majorité des gardiens vient de faire dix jours de grève. Celle-ci s'est achevée vendredi 16 novembre par une nouvelle reculade de la municipalité. Le maintien de l'exonération des charges et des indemnités de permanence est obtenu, au moins jusqu'à nouvel ordre. Il est vrai que les ordures commençaient à s'entasser dans les locaux prévus à cet effet dans plusieurs cités et que le mécontentement était en train de monter contre la municipalité parmi les locataires et les autres membres du personnel de l'Office HLM, d'autant que les loyers doivent augmenter de 3 % à compter du 1er janvier prochain.

La nouvelle municipalité de droite d'Argenteuil prétend faire de la lutte contre l'insécurité son cheval de bataille. Mais lorsqu'elle prend des mesures, c'est pour dégrader la vie dans les quartiers populaires et donc aider à la montée de la délinquance dans le futur. Ces gens-là sont vraiment du genre pseudo-pompiers, vrais pyromanes.

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