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Dans les entreprises
Intermittents et mécontents
A Lyon et à Paris, des manifestations ont eu lieu pour la défense du statut des "intermittents" du spectacle.
Cela fait des années que le Medef cherche à supprimer ce régime particulier, qui permet aux artistes et techniciens justifiant de 507 heures de travail dans l'année (l'équivalent de trois mois pleins) d'avoir droit à l'allocation-chômage. La moitié environ d'entre eux n'arrivent déjà pas à faire les 507 heures et ne sont donc pas indemnisés. Mais le Medef, invoquant le fait que les cotisations versées à l'Unedic dans le cadre de ce régime sont inférieures aux dépenses, propose de ramener les intermittents au régime général, dans lequel il faut 676 heures de travail dans l'année pour avoir droit au chômage. S'il obtient gain de cause, environ la moitié de ceux qui sont aujourd'hui indemnisés ne le seraient plus.
Or, depuis janvier 2001 et l'adoption du PARE, les anciens textes n'ont plus vraiment d'existence légale. Le Medef peut donc du jour au lendemain, s'il trouve un allié parmi les syndicats de salariés, refuser de payer les indemnités de chômage des intermittents.
La manifestation du 15 novembre à Paris était accompagnée d'un préavis de grève pour l'ensemble de nos professions, "afin que les engagements pris par Lionel Jospin soient pleinement respectés", dit la CGT. Jospin a en effet promis, quand les intermittents l'ont un peu chahuté au dernier festival d'Avignon, d'"étudier la possibilité" d'un décret permettant de combler le vide juridique autour de ce régime.
Je pense que manifester son mécontentement, c'est important. Mais croire et faire croire que le gouvernement ait l'intention de s'opposer aux appétits du Medef est un leurre. Déjà en 1992, sous un gouvernement socialiste, le CNPF avait imposé (avec la complicité de la CFDT) la dégressivité de nos allocations-chômage, soit 20 % de moins sur nos indemnités ! Si on veut faire reculer le Medef et le gouvernement à son service, ce n'est pas avec une "manif", même "bruyante et colorée", que nous obtiendrons gain de cause.
Des actions possibles, il y en a. Dans la production audiovisuelle et cinématographique, sur les plateaux de télévision, dans l'industrie du disque, des sommes énormes sont en jeu. C'est là qu'il faudrait frapper pour défendre les acquis et, pourquoi pas, sortir d'un système qui ne fait qu'organiser la précarité. La nôtre et celle de tous les intérimaires, CDD, "stagiaires" et autres précaires.