Fonds secrets : Vous avez dit transparence ?23/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1740.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Leur société

Fonds secrets : Vous avez dit transparence ?

Le 14 novembre, l'Assemblée nationale a officiellement supprimé les "fonds spéciaux", dits aussi fonds secrets, parce qu'ils échappaient, en toute légalité, à tout contrôle. Ces sommes en espèces, mises à la disposition du gouvernement, servaient essentiellement à financer les services secrets, espionnage et contre-espionnage, mais aussi à verser des primes aux ministres et à leurs collaborateurs. Elles se montaient à près de 400 millions de francs.

Chirac avait utilisé ces fonds spéciaux pour le financement de ses voyages personnels, y compris alors qu'il n'était plus Premier ministre.

A la veille des élections prochaines, le gouvernement découvre cette pratique choquante, mais qui existe depuis un demi-siècle, et se présente désormais comme le champion de la transparence des finances de l'Etat.

La transparence, on en est pourtant bien loin. D'abord, parce qu'il n'est pas question de toucher au secret complet dont la gauche comme la droite entourent les services secrets et leur financement. Or, ils absorbent une part importante des fonds spéciaux : 250 millions de francs.

Pour contrôler leur usage de ces fonds secrets-là, une commission sera constituée, composée de deux députés et de deux sénateurs, de la majorité et de l'opposition, et de deux magistrats de la Cour des comptes. Mais que peut-elle dénoncer, puisque la droite et la gauche sont d'accord avec le fonctionnement secret des services secrets ?

Quant aux 150 millions de francs de ces fonds qui étaient répartis entre les divers ministres, ils seront désormais inscrits dans le budget des ministères, donc décidés poste par poste. Les primes aux membres des cabinets seront désormais versées par chèque et, du coup, soumises à cotisations et imposables. Mais la répartition de ces primes restera aussi arbitraire et peu transparente qu'auparavant.

Reste la part qui revenait aux ministres eux-mêmes. On ne sait pas encore si elle sera transformée en salaire, et plafonnée au plus haut salaire de fonctionnaire, celui du vice-président du Conseil d'Etat ; ou bien si elle se transformera en prime non imposable, comme celle que les parlementaires perçoivent en plus de leur salaire. Cette dernière formule aurait, pour les bénéficiaires, l'avantage de n'être ni publique, ni imposable.

Drôle de transparence donc puisque les services secrets continueront à fonctionner en toute opacité, les ministres pourront se sucrer et arroser leurs fidèles dans le même arbitraire. La seule vraie transparence serait celle qui supposerait l'information et le contrôle par la population.

Mais les hommes de la bourgeoisie n'admettent pas le contrôle sur leurs propres affaires, et ça ne gêne pas le gouvernement qu'il en soit de même pour ses serviteurs de haut niveau, au sein de l'Etat.

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