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Élections au Kosovo : Façade démocratique pour tutelle impérialiste
Des élections, avec un taux de participation de 63 % des inscrits, viennent d'avoir lieu pour élire les 120 députés du parlement kosovar. Ils siègeront dans l'ex-siège de la présidence, transformé à la hâte en Parlement. C'est la Ligue Démocratique du Kosovo, le parti d'Ibrahim Rugova, qui vient de l'emporter avec 46,29 % des voix, devant le Parti Démocratique du Kosovo d'Hashim Thaçi, ex-chef politique de l'UCK (armée de libération du Kosovo), qui totalise 25,54 % des voix. La formation serbe, Coalition pour le Retour, obtient 10,96 % des suffrages.
La nouvelle assemblée comptera également 35 représentants des minorités, dont 21 Serbes, une proportion supérieure à leur importance numérique. Les autres représenteront les Bosniaques, les Roms, les Gorans, etc.
Ibrahim Rugova devrait donc devenir le président du Kosovo. Il a salué ce résultat sur un thème cher aux nationalistes kosovars albanais : "Nous sommes déjà de facto indépendants de Belgrade et nous demandons à la communauté internationale de reconnaître cette indépendance".
Ce message était moins destiné à ses électeurs qu'aux représentants des puissances impérialistes, les Etats-Unis et l'Europe qui ne sont pas disposés à accepter l'indépendance du Kosovo. Et l'"autogouvernement du Kosovo" est tout sauf un gouvernement autonome. C'est en fait un protectorat des grandes puissances impérialistes. Les éditorialistes nationalistes de la presse locale ont beau tempêter contre cet état de fait ("Avant 1989, nous bénéficiions, au moins sur le papier, d'une plus large autonomie"), la réalité du pouvoir est entre les mains du général français Marcel Valentin, qui commande le détachement de 38 000 hommes de la Kfor. Ce général a en effet à sa disposition les principaux leviers de commande : non seulement la sécurité, mais également les finances, les problèmes des minorités, la politique étrangère et une partie de la justice.
Cette élection n'est donc qu'une mise aux normes dites démocratiques, censées être le bien commun du monde sur lequel règnent les principales puissances impérialistes ; un monde où la plupart des dictatures s'offrent désormais le luxe de consultation électorale pour sauver les apparences.
Le nouveau président du Kosovo aura donc la couleur, le goût d'un président mais n'en sera que la doublure puisqu'il ne lui reviendra que des fonctions symboliques. Car, même si ses neuf ministres pourront s'occuper d'agriculture, de commerce, de culture, d'éducation ou de transports, c'est l'administrateur de la mission de l'ONU (la Minuk) - un rôle initialement tenu par Kouchner - qui conservera le pouvoir de décider de tout ce qu'il estime important. En effet, selon la résolution 1244 votée à la fin de l'intervention militaire impérialiste au Kosovo, l'administrateur de l'ONU dispose d'un droit de veto sur toute décision de l'assemblée kosovar qui ne serait pas conforme à cette résolution 1244, c'est-à-dire en clair avec les desiderata des grandes puissances impérialistes, Washington en tête.
Ce sort, le Kosovo le partage avec la Bosnie et la Macédoine. En théorie, cette situation de mise en tutelle est censée empêcher la déstabilisation de cette région, mais en pratique, pour les peuples de celle-ci, c'est un état de guerre permanent. En jouant les nationalismes les uns contre les autres, comme par exemple l'UCK contre les Serbes, les grandes puissances n'ont fait qu'envenimer les relations entre les peuples. En prétendant les libérer de la dictature serbe, ils les ont placés sous leur propre domination.
Et, en ne laissant ainsi aux peuples de cette région que le choix entre une tutelle et une autre, les puissances impérialistes ne leur offrent aucun avenir.