Cliniques privées et course au profit23/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1740.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Cliniques privées et course au profit

Je travaille dans une clinique privée depuis dix ans. Cette clinique appartenant à un grand médecin a été revendue à un groupe, "Arvita", possédant de nombreuses autres cliniques.

En juin dernier, nous avons appris que le personnel devait déménager de Villiers-le-Bel à Domont dans le Val-d'Oise. Le but des patrons était de passer de 45 lits à 120 lits. On nous avait promis qu'il n'y aurait pas de licenciements. Mais entre la pression au quotidien et les difficultés de transport, certains d'entre nous ont craqué et donné leur démission.

Il faut dire que les conditions de travail sont de pire en pire. Il y a dans cette clinique 18 lits ambulatoires et chaque jour entre 30 et 40 patients. Les opérations sont chronométrées et prévues de quart d'heure en quart d'heure en ambulatoire. Résultat, certains patients opérés se retrouvent à déjeuner dans le couloir avec leur plateau sur les genoux, parfois même ils ont encore leur cathéter dans le bras. D'ailleurs la direction choisit de préférence ces opérations ne nécessitant pas d'hospitalisation, car cela rapporte plus.

On doit courir toute la journée et cela comporte des risques pour les patients comme pour le personnel. On retrouve, par exemple, n'importe quoi dans le linge sale comme des pinces à champ alors qu'elles sont censées être recomptées après l'opération, etc. !

Récemment, un radiateur a explosé en radiologie, entraînant une inondation dans un bloc opératoire. Mais pourtant, il a fallu l'intervention d'une panseuse pour empêcher une opération prévue dans ce bloc.

Bien sûr, cette situation est due au manque de personnel. La direction n'embauche pas suffisamment, pour faire un maximum de profits. Alors on voit bien à quoi va servir l'argent distribué généreusement aux patrons des cliniques privées par le gouvernement, et ce ne sera pas pour améliorer nos conditions de travail.

Et puis, mardi 6 novembre, la direction annonçait le licenciement de cinq aides-soignantes, une diététicienne et une lingère. Trois semaines avant, lors d'un CE, la même direction assurait toujours qu'il n'y aurait aucun licenciement.

La coupe était pleine. Vendredi 9 novembre, nous nous sommes mis en grève, pour la première fois depuis des années. On ne voulait pas accepter les licenciements. Une délégation est montée sur-le-champ voir la direction. Celle-ci recula tout de suite en suspendant les licenciements jusqu'au 20 novembre. La direction essaie de gagner du temps. Elle voudrait que les délégués du CE fassent eux-mêmes un planning de tout le personnel pour voir si "les licenciements sont justifiés".

Nous savons bien que rien n'est gagné, qu'il faudra d'autres grèves pour empêcher les licenciements, qu'il faudra aussi être très vigilants.

En attendant, nous sommes très contents d'avoir réagi.

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