Amiante : Les patrons sont responsables, la sécu paye !23/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1740.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Amiante : Les patrons sont responsables, la sécu paye !

A la mi-octobre, le tribunal des affaires de Sécurité sociale de Créteil a condamné pour "faute inexcusable" la RATP pour la mort d'un ancien ouvrier des ateliers de Fontenay-sous-Bois. Le 5 novembre, le tribunal de Brest a porté la même accusation à l'encontre de la Direction des constructions navales dans quinze dossiers de victimes de l'amiante. Quatre jours plus tard, à Belfort, le tribunal a émis un jugement identique à l'encontre de l'usine Alstom.

Douze plaintes avaient été déposées par d'anciens salariés, victimes de difficultés respiratoires après avoir été exposés pendant des dizaines d'années à l'amiante, ou leurs veuves. Le tribunal a accordé la majoration maximum de leur rente aux travailleurs malades et des indemnités pour le conjoint survivant et leurs enfants, ce qui est la moindre des choses. Alstom, spécialiste des infrastructures pour l'énergie et le transport, entreprise riche à milliards, a toujours affirmé pour sa défense, comme l'a fait la RATP d'ailleurs, avoir respecté le décret du 17 août 1977 mentionnant pour la première fois en France l'amiante.

Quelle gigantesque hypocrisie, alors que cela fait un siècle que les risques de mortalité générés par l'amiante sont connus !

Tout le monde savait : les entreprises utilisatrices, les médecins et le gouvernement qui, pour complaire à quelques très grosses sociétés dont l'Alstom, Saint-Gobain, Eternit ou les chantiers navals dont le principal en France est une branche de ce même Alstom, leur a laissé les mains libres. Au risque certain que des milliers de travailleurs soient victimes du cancer appelé le mésothéliome. Ces entreprises ont délibérément choisi de sacrifier des hommes et des femmes, avec la complicité de gouvernements aussi bien de droite que de gauche.

L'interdiction de l'amiante n'est entrée dans la loi en France qu'au 1er janvier 1997, alors que sept pays européens l'avaient déjà instaurée depuis des années. Et cette décision n'a été adoptée par le gouvernement français qu'à la suite justement d'une plainte déposée par l'Association nationale des victimes de l'amiante (ANDEVA). Des études scientifiques considèrent qu'il y a une probabilité de 5 000 à 10 000 morts par an dus à l'amiante aux alentours de 2010.

C'est dire que les travailleurs qui ont été volontairement empoisonnés ont plus que raison de ne pas se laisser faire, de ne pas accepter la loi du silence. Mais il est scandaleux qu'il faille encore aujourd'hui des années de procédures pour qu'eux ou leur famille obtiennent une indemnisation financière et fassent reconnaître la responsabilité totale des entreprises concernées. Et même dans ce cas, l'Etat s'est empressé d'éviter au patronat d'avoir à écorner un tant soit peu ses profits accumulés sur la santé des travailleurs en dotant, dans le dernier projet de loi de financement de la Sécurité sociale, la branche accidents du travail de 3,4 milliards de francs pour indemniser les victimes de l'amiante qui y auront droit, si elles renoncent à poursuivre les employeurs en justice ! Il n'y a vraiment que pour couvrir les patrons et leurs agissements criminels que la Sécu n'est pas en déficit et que le gouvernement n'est pas avare des deniers publics, lui qui - autre exemple - transfère, toujours dans ce même projet de loi, près de 1 milliard de francs de la branche accidents du travail à la branche maladie, pour compenser le fait que les patrons usent de multiples moyens pour déclarer le moins possible d'accidents du travail. Pourquoi les patrons se gêneraient-ils quand ils ont un Etat tellement aux petits soins !

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