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Leur société
Le parti socialiste lance sa campagne en truquant son bilan
"1997-2002 La France qui change", tel est le titre de la brochure de 40 pages que le Parti Socialiste distribue à des millions d'exemplaires pour lancer la campagne électorale de Jospin en commençant par le bilan du gouvernement.
L'introduction pose carrément la question : "Pourquoi faire un bilan de l'action menée depuis cinq ans par le gouvernement de Lionel Jospin ? Après tout chacun a son idée et ses avis. Mais justement il est apparu nécessaire de mesurer ce qui a concrètement changé dans notre vie quotidienne."
C'est dire qu'il s'agit de tenter de convaincre ceux qui ne s'en seraient pas rendu compte, que les choses ont changé - dans le bon sens évidemment - dans leur vie quotidienne, en le proclamant à six millions d'exemplaires.
Si François Hollande, en présentant le document, admet du bout des lèvres que "des retards et des insuffisances peuvent apparaître ici ou là", il affirme avec aplomb : "Nous pouvons au moins dire que ce que nous avions dit nous l'avons fait". Evidemment quand on ne promet rien, on n'a rien à renier. Et en 1997 ni Jospin, ni le PS n'avaient promis grand-chose aux travailleurs. Mais le peu que Jospin leur avait promis, ou plus exactement leur avait laissé entendre, il l'a oublié aussitôt nommé Premier ministre, n'en déplaise à Hollande. En particulier en ce qui concerne les plans de licenciements concoctés par les grandes entreprises, que Jospin candidat faisait mine de vouloir combattre et qu'il s'est empressé d'entériner une fois au gouvernement. A l'époque il s'agissait de la fermeture de Renault Vilvorde, mais depuis, de Michelin à Moulinex, Jospin s'est toujours bien gardé d'intervenir pour empêcher les patrons de licencier et même de mettre les clefs sous la porte, malgré ses promesses de rétablir un contrôle de l'État sur les décisions patronales. Et pendant cinq ans les entreprises ont continué à multiplier les plans de suppressions d'emplois, plongeant des centaines de milliers de salariés dans le désespoir, des villes et des régions entières dans l'angoisse, sans que le gouvernement fasse même mine de limiter leur pouvoir exorbitant ! Et le gouvernement lui-même ne s'est pas privé de supprimer massivement des emplois dans les services publics, ce qu'il s'était bien gardé d'annoncer pendant la campagne électorale de 1997.
Mais il est vrai que les promesses des socialistes envers le patronat et envers les riches ont été tenues, et au-delà, et que l'argent public a continué de couler à flot pour accroître les profits privés. On vient encore d'avoir un exemple de leurs largesses pour les propriétaires et actionnaires des cliniques privées alors même qu'ils ont toujours mesuré plus que chichement ce qu'ils concédaient aux travailleurs, aux chômeurs, sans oublier tous ceux qui vivent des minima sociaux et auxquels le gouvernement a plusieurs fois fait l'insulte de jeter des aumônes minables.
Alors, il n'est guère étonnant que le Parti Socialiste se dise qu'il y a beaucoup à faire pour réussir à convaincre les électeurs populaires que les choses ont changé pour eux ! D'ailleurs, quand Hollande lui-même fustige la droite, on croirait l'entendre décrire la politique de Jospin... ! "La droite veut refaire demain ce qui n'a pas marché hier : privatisations des services publics, flexibilité du travail, baisse des impôts des plus favorisés, réduction du rôle de l'État, transfert aux assurances privées d'une part de la protection sociale. Bien sûr, elle ne revendiquera pas franchement un tel programme. Elle préférera avancer masquée. Elle fera des promesses. Mais son projet est bien là ! Ce sont les mêmes hommes qui se présentent à nos suffrages avec les mêmes trucs, les mêmes facilités et... les mêmes intentions."
Certes, tout ce programme de la droite, la gauche l'a mis en oeuvre elle aussi, et Hollande en parle en connaissance de cause car les uns comme les autres avancent "masqués" en prétendant défendre l'intérêt général alors qu'ils ne défendent que le profit privé.
Ainsi la campagne électorale s'annonce fertile en mensonges, mascarades et autres "trucs" ou "facilités" de la part de tous ceux, de droite comme de gauche, qui rivalisent pour servir les intérêts de la bourgeoisie une fois au pouvoir. Hollande affirme : "Notre bilan nous permet d'être jugés sur pièces". C'est bien ce qui pourrait arriver de pire au Parti Socialiste...