Exel Lisses(91) : En grève16/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1739.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Exel Lisses(91) : En grève

Les salariés d'Exel assuraient depuis treize ans à Lisses (Essonne) la gestion des stocks et la préparation des livraisons (essentiellement textile et alimentaire) des magasins Marks et Spencer pour toute la France. Cette multinationale, aujourd'hui à capitaux anglais, assure dans d'autres entrepôts les mêmes services en sous-traitance pour les groupes Intermarché ou Auchan par exemple.

Depuis le 29 octobre, la quasi-totalité des 162 salariés sont en grève totale, assurant une présence permanente, jour et nuit, semaine et week-end, aux portes de l'entrepôt. En deux semaines, seuls deux camions ont été autorisés à sortir, en échange de l'ouverture de négociations.

L'annonce du "plan social", qui prévoit la fin de l'activité actuelle en se débarrassant de la totalité du personnel du site, a provoqué cette réaction unanime des travailleurs des quais et des bureaux. En effet, la reprise des magasins Marks et Spencer par les Galeries Lafayette ne vaut pas pour ces salariés sous-traitants. Les représentants des Galeries Lafayette auraient expliqué que ses plates-formes logistiques, déjà existantes, suffiraient à absorber le surcroît d'activité provoqué par les nouveaux magasins à son enseigne.

Fin mars 2001, l'annonce de la fermeture des Marks et Spencer avait, à juste titre, suscité l'inquiétude et un début de réaction, avec la participation des syndicats du site aux manifestations d'Evry, avec les "LU" de l'usine Danone, toute proche, et même des Marks et Spencer de Londres. Mais les propos rassurants que tient la direction d'Exel depuis le début de l'affaire, la promesse de tout faire pour trouver d'autres marchés a entretenu un climat d'attente qui a permis à la direction de préparer ses coups en douce. Ainsi, la récente installation d'une nouvelle activité d'approvisionnement de magasins BHV, occupant une dizaine de salariés du site depuis trois mois, a fait espérer que ce nouveau client pourrait, à terme, assurer une activité de remplacement. Mais les grévistes découvrent maintenant que cette activité cesserait fin décembre ! Bien plus, pour assurer la continuité des livraisons au BHV, Exel a ouvert une sortie "sauvage" pour les camions, coupant le grillage qui la sépare de sa voisine, "Géodis", une entreprise soi-disant concurrente. Concurrente dans les affaires commerciales, mais solidaire contre des travailleurs qui se défendent ! Cet épisode a été l'occasion de montrer la hargne de quelques responsables et du directeur. Une salariée, qui tentait de s'opposer au passage d'un premier camion, a été blessée par eux. Elle a déposé plainte.

La direction n'avait jamais imaginé que la grève pourrait durer si longtemps. Inquiète de la tournure des événements, elle vient d'appeler la justice en renfort, demandant en référé l'évacuation du piquet de grève. Une nouvelle épreuve que les grévistes, décidés à tenir le temps qu'il faudra pour se faire respecter, attendent de pied ferme.

Réactions de grévistes

Propositions de reclassement dans le groupe Exel ou nouveau travail dans la région, ou indemnités de licenciement substantielles, les attentes des grévistes peuvent être diverses. Dans tous les cas, le groupe Exel a les moyens de satisfaire tout le monde. L'activité de logistique, en plein développement ici (noeud autoroutier entre l'A5, l'A6 et la Francilienne) avec la construction récente ou en cours d'une dizaine d'entrepôts géants, doit permettre un reclassement dans les environs du personnel qui le souhaite. Et les profits du groupe Exel, accumulés depuis des années, suffiraient à payer ceux qui souhaitent se reclasser. Dans ce contexte, la cessation d'activité du site est d'autant plus incompréhensible aux grévistes : "Se débarrasser de nous, c'est une façon pour le patron de "repartir à zéro" avec du personnel au Smic à 35 heures, sans participation et sans 13e mois" soupçonne cette gréviste, pourtant tout juste payée 6 300 F net. "Après les remarques de l'inspecteur du travail sur la pauvreté du premier plan social qui vient d'être rejeté, la direction a sorti du jour au lendemain 228 propositions de postes. Comment les prendre au sérieux ? Une centaine d'offres sont à Béziers, sur un site qui n'est pas encore construit !". "228 postes, ils se foutent de nous ! Ils s'apprêtent à nous jeter dehors, avec une misère d'indemnité, et ils feraient croire qu'ils manquent de main-d'oeuvre ?"

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