Éducation nationale : Hausse de la précaritÉ16/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1739.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Divers

Éducation nationale : Hausse de la précaritÉ

Jack Lang s'est félicité de la dernière rentrée scolaire, une rentrée qualifiée de "réussie", expliquant que tout avait été mis en oeuvre pour que chaque classe ait un professeur. Mais derrière le satisfecit du ministre, il y a la réalité quotidienne vécue dans les établissements scolaires par les enseignants et l'ensemble des personnels. Celle-ci est à mille lieues de la propagande ministérielle : postes non pourvus personnel absent non remplacé, augmentation de la précarité. De ce dernier problème, le ministre ne s'en vante guère. Et pour cause !

La loi Sapin prévoit la résorption de la précarité qui ne cesse de se développer comme en témoigne le nombre croissant d'enseignants, d'ouvriers d'entretien, de secrétaires, d'agents d'intendance non-titulaires, aux statuts divers, qui secondent le personnel titulaire notoirement en sous-effectif. Bien des collèges et lycées ne pourraient d'ailleurs fonctionner sans ce personnel précaire que l'administration sous-paye, exploite, et dont elle se débarrasse sans autre forme de procès lorsqu'elle n'en a plus besoin. Aux 400 maîtres-auxiliaires embauchés à la rentrée dans la seule académie de Créteil, s'ajoutent 1 400 contractuels. Sans oublier les centaines de vacataires dont le nombre a littéralement explosé. Pour faire bonne mesure, il faudrait également prendre en compte les centaines d'aides-éducateurs et de CES (contrats emploi-solidarité) de l'académie. Selon le SNES, principal syndicat du second degré, il y aurait aujourd'hui près de 30 000 enseignants précaires, dont 16 000 maîtres-auxiliaires dans l'Education nationale. Maîtres-auxiliaires et contractuels représenteraient environ 6 % du corps enseignant, chiffre variant entre 4 et 12 % selon les académies.

Directement recrutés par les chefs d'établissements et les rectorats, payés 225 francs brut de l'heure effectuée, les vacataires n'ont aucun droit : ni vacances, ni chômage, ni Sécurité sociale. Ils sont remerciés dès leurs 200 heures de vacation finies. La situation des contractuels recrutés par les rectorats n'est guère plus encourageante. A tout moment, l'administration peut mettre fin à leur contrat. Particulièrement choquante est, en ce début du mois de novembre, tout juste deux mois après la rentrée, la situation salariale de nombreux contractuels qui n'ont toujours pas été payés. Tandis que ceux qui n'ont pas encore obtenu de poste attendent leurs indemnités chômage ! Mais de cela, Jack Lang n'en a cure, bien plus attentif aux effets médiatiques de ses discours qu'à la paye du personnel précaire de l'Education nationale. Cette situation de précarité n'est cependant pas nouvelle : elle s'est surtout aggravée ces dernières années. Le gouvernement y trouve son compte et l'organise, en limitant volontairement les postes aux concours et refusant de titulariser les personnels en place. Il prétend même lutter contre la précarité, si l'on en croit le ministre (voir article ci-dessous).

Aujourd hui, les salariés précaires de l'Education nationale sont souvent isolés et se heurtent aux préjugés catégoriels existant dans la profession, notamment parmi les certifiés et les agrégés. Loin d'être combattus, ces préjugés sont mêmes relayés par des syndicats comme le SNES, jusqu'à certains militants de l'Ecole Emancipée, également sensibles aux réflexes corporatistes du corps enseignant. Le SNES évoque "la lutte contre la précarité" mais... en paroles ! Craignant surtout de heurter les préjugés des professeurs, il se refuse à promouvoir une lutte d'ensemble pour y mettre fin en réclamant, par exemple, la titularisation immédiate de tous les personnels non-titulaires de l'Education nationale sans aucune condition de concours, d'ancienneté ou de nationalité. Cette revendication est cependant la seule légitime, dans la situation actuelle.

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