Le mouvement SUR LES 35 hEURES dans les hôpitaux publics02/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1737.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Le mouvement SUR LES 35 hEURES dans les hôpitaux publics

Le mécontentement que provoque le projet des 35 heures dans les hôpitaux perdure. A Paris, la manifestation du 25 octobre a rassemblé 5 500 personnes, soit environ le double de la précédente du 11 octobre, retrouvant ainsi les chiffres de celles des 20 et 27 septembre. Quarante-cinq hôpitaux avaient leur banderole, dont dix de province, malgré le caractère régional de la manifestation. Les hospitaliers manifestaient plus de colère contre le manque chronique de personnel et on pouvait voir des banderoles, dont celle en tête du cortège, réclamer 80 000 embauches immédiates.

Des grèves diverses mais bien réelles

Dans certains hôpitaux comme à la Pitié-Salpêtrière, les assemblées générales du lendemain et du surlendemain, réunissant 100 à 150 personnes, ont voté à l'unanimité la poursuite du mouvement. Lundi 29 octobre, le directeur de cet hôpital a réuni le personnel administratif et ouvrier pour tenter de faire une explication de texte sur le contenu du protocole. Il a montré, relayant en cela le gouvernement, qu'il est décidé à l'appliquer, mais sans convaincre son auditoire. Chacun sait en effet que les 45 000 embauches sur trois ans prévues par Guigou ne permettront pas d'assurer une véritable réduction du temps de travail, et encore moins de combler les manques d'effectifs actuels. D'ailleurs, il a lui-même reconnu qu'à l'échelle du groupe Pitié-Salpêtrière les 400 emplois prévus seront très insuffisants. En conséquence de quoi il devrait prendre dans des services du personnel pour l'adjoindre aux services déficients.

Même lorsqu'elles restent minoritaires, les grèves en cours dans divers hôpitaux du pays depuis fin septembre montrent que le protocole Guigou-Kouchner n'est pas encore passé. Bien sûr ce mot de "grève" recouvre des réalités variables. Certains grévistes organisent eux-mêmes ensemble leur service minimum, toute la semaine, et en informent les surveillantes et les médecins qui essaient souvent de passer outre. Par ailleurs, la pratique des assignations par les directions d'hôpitaux se développe. A l'origine, c'est un moyen de bloquer des grévistes à leur travail. Cependant on voit de plus en plus de surveillantes et même de syndicalistes qui encouragent à venir demander son assignation pour être compté administrativement comme gréviste tout en travaillant normalement, avec l'assurance d'être payé.

De ce fait, les chiffres de grévistes donnés par les directions d'hôpitaux ne permettent pas de mesurer l'ampleur de la lutte et l'ambiance de combativité. L'affluence aux assemblées générales, aux piquets de grève, aux actions collectives et aux manifestations est plus significative. Quoi qu'il en soit, certains hôpitaux viennent de se mettre en grève récemment et c'est une raison pour les autres de tenir le coup et de continuer la lutte comme ils le peuvent.

Le bluff de Jospin ne prend pas

Quant aux 3,9 milliards qui viennent d'être rajoutés au budget des hôpitaux par le gouvernement Jospin, ils passent inaperçus aux yeux des hospitaliers. D'abord, ils ne seront pas consacrés à l'embauche pour les 35 heures. Ensuite, il y a de quoi être scandalisé par cette somme de toute façon dérisoire, comparée aux 100 milliards d'exonérations de cotisations patronales ou aux milliards que le gouvernement est disposé à engloutir pour soutenir l'Etat américain dans la guerre.

Le gouvernement vient de montrer, on s'en doutait, qu'il choisit l'austérité budgétaire dans la Santé. Les négociations locales en perspective risquent de continuer d'alimenter le mécontentement. L'embauche de personnel demeure la clef de l'application des 35 heures.

Le rapport de forces peut changer

Protocole signé ou pas, décrets votés ou pas, les textes sur les 35 heures ne sont au fond que du papier. Les travailleurs des hôpitaux peuvent refuser de se plier à ces textes. Nous sommes environ 750 000 dans la fonction publique hospitalière. Voilà notre force. Jusqu'à aujourd'hui, cette force n'a pu se manifester par une grève unanime, notamment parce que les fédérations syndicales n'ont pas appelé à une telle action.

Mais cela n'enlève rien au poids que nous représentons. La plus grande crainte du gouvernement est que nous montrions cette puissance par une offensive générale. Il n'a pas tort de le redouter.

Correspondant LO

Hôpital de Tours : une semaine mouvementée

A l'hôpital de Tours, après avoir participé massivement aux journées du 20 et du 27 septembre, nous avons décidé à quatre-vingts lors de l'assemblée générale du 16 octobre d'appeler à la grève reconductible à partir du jeudi 18.

Les 45 000 postes du gouvernement sont considérés comme une goutte d'eau vu les manques criants de personnel ; nous voulions donc réclamer les 80 000 postes nécessaires au niveau national et 500 postes au CHU de Tours, ainsi que le retrait du plan Guigou.

Plusieurs dizaines d'hospitaliers se sont retrouvés le jeudi matin 18 octobre dans les différents établissements pour organiser et étendre la grève.

C'était la première fois depuis bien longtemps que des hospitaliers étaient présents à des piquets de grève pour participer à l'organisation des tâches : faire des banderoles, diffuser un tract aux visiteurs, faire des tournées de service L'ambiance fraternelle et enthousiaste a gonflé le moral des troupes.

A cette assemblée générale du jeudi 18, nous étions environ 120 pour voter la grève jusqu'au vendredi 26 et organiser toute la semaine à venir.

Dans la semaine, les discussions ont été nombreuses dans les services. Le personnel déterminé s'est installé dans la grève en espérant que l'on puisse, avec d'autres hôpitaux, peser suffisamment pour obtenir le retrait du plan Guigou et obtenir plus de postes.

Le jeudi 25 a été une grosse journée car nous étions 900 en grève, et deux cars sont montés à la manifestation à Paris. Les Tourangeaux étaient contents de retrouver d'autres hospitaliers combatifs dans une manifestation dynamique.

Encore en grève le vendredi 26, nous nous sommes retrouvés à cinquante à l'assemblée générale où les uns et les autres ont pu discuter et s'expliquer ensemble sur les difficultés de la grève à l'hôpital : les assignations, les pressions à faire sur les médecins pour qu'ils réduisent les programmes, les problèmes liés aux différences de mobilisation selon les services.

A cette assemblée générale, nous avons aussi beaucoup discuté des perspectives de ce mouvement, de la nécessité de continuer à se mobiliser avec les autres hôpitaux. L'idée de continuer alors la grève reconductible n'a toutefois pas été retenue par l'assemblée générale. Nous nous sommes donné rendez-vous après les vacances, le mardi 6 novembre, pour une nouvelle assemblée générale .

Les hospitaliers ayant participé à cette grève étaient contents de leurs actions et restent conscients qu'il faudra recommencer pour ne pas se laisser faire sur ces 35 heures à la sauce Guigou !

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