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Editorial
Congrès du PCF : Rien ne sert d'être à deux pour faire pire
Robert Hue, interviewé à l'issue du congrès du PC le week-end des 27-28 octobre et auquel les journalistes demandaient quel serait l'axe de sa campagne, a répondu en substance, sur un ton véhément, qu'on entendrait vraiment parler du chômage, des licenciements, de l'augmentation des salaires et de quelques autres choses encore.
Durant la campagne électorale de la présidentielle, sûrement ! Mais d'ici là, entendrons-nous les ministres communistes et en particulier Marie-Georges Buffet, à la fois secrétaire nationale du PC et ministre de Jospin, en parler aussi véhémentement ?
Il serait encore temps, d'ici les législatives, de voir les députés communistes, sans lesquels Jospin n'aurait pas de majorité, lui imposer des mesures qui empêchent les licenciements par toutes ces grandes entreprises qui, malgré leurs bénéfices, jettent à la rue des milliers de travailleurs.
Ils auraient la possibilité d'imposer que les 35 heures ne se retournent pas contre les travailleurs par la flexibilité, les récupérations pas toujours au moment souhaitable et le remplacement des emplois stables par des emplois précaires.
Ils pourraient imposer aussi des crédits qui ne soient pas ridicules pour les hôpitaux, ou l'Education nationale, ou les transports en commun. Et qu'on fasse un peu moins de cadeaux sur le budget de l'Etat au compte des plus grandes entreprises.
Ils ne l'ont pas fait depuis quatre ans, ils ne le feront pas plus dans l'avenir.
Tout ce que fera Robert Hue durant sa campagne aux présidentielles, c'est ramasser au premier tour des voix que Jospin n'aurait pas eues, pour les lui offrir au second tour, en espérant qu'en échange Jospin accordera au PC quelques circonscriptions où des députés du PC pourront se faire élire.
Quant à la perte des voix du PC, elle a commencé avec le soutien au Parti Socialiste de Mitterrand qui, d'ailleurs, ne se gênait pas pour affirmer qu'il réduirait l'électorat du PC. Et, depuis, l'audience électorale du PCF est passée de plus de 20 % des voix à moins de 10 %.
Cela a permis à quelques dirigeants d'occuper des strapontins ministériels. Mais que sont-ils devenus, les ministres communistes de 1981 ? Fiterman est aujourd'hui au Parti Socialiste, Le Pors soutient la candidature de Chevènement. Et c'est pour parvenir à ce résultat lamentable qu'on a mis les militants ouvriers du Parti Communiste dans la situation de devoir justifier la politique de Mitterrand aux yeux de leurs camarades de travail ! Et les travailleurs ne peuvent que perdre l'espoir en voyant qu'on ne leur propose aucune autre issue.
Si au fil des années le PCF a changé de langage, ce n'est pas parce que les travailleurs ne comprendraient pas qu'un parti politique parle encore, au début du 21e siècle, de lutte de classe. Avec des forces militantes infiniment plus faibles, Lutte Ouvrière, qui continue à parler ce langage, obtient des résultats électoraux qui sont du même ordre de grandeur que ceux du Parti Communiste.
Si celui-ci, fort de ses dizaines de milliers de militants, de ses centaines de milliers de sympathisants, parlait un tel langage, s'il dénonçait radicalement le fait que Jospin gouverne dans l'intérêt des classes possédantes, il retrouverait les électeurs qu'il a perdus. Surtout, ce qui est bien plus important, il redonnerait le moral, il redonnerait confiance dans leur capacité à changer les choses, à tous les militants ouvriers, et par là à la classe ouvrière tout entière.
Les déclarations de Robert Hue à ce congrès, critiquant la politique du gouvernement Jospin tout en réaffirmant que celui-ci est bien, d'après lui, un "gouvernement de gauche", indiquent que la direction du Parti Communiste a fait le choix inverse.
Nous sommes pourtant convaincus que les militants communistes, dans les luttes sociales qui viennent, sauront eux, mieux que Robert Hue, choisir leur camp.