Bata Moussey (Moselle) : Coup de colère contre le cynisme patronal02/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1737.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bata Moussey (Moselle) : Coup de colère contre le cynisme patronal

Lundi 29 octobre, ce qui devait être la première négociation sur le plan social s'est terminé en séquestration par l'intersyndicale de deux directeurs de Bata. En effet, la direction avait promis que ces négociations démarreraient le 29. Encore une promesse non tenue de la direction, qui n'en est pas avare : le jour dit, elle a botté en touche en affirmant que rien ne pouvait être entrepris avant le 19 novembre, jour où le tribunal de commerce choisira un repreneur. La direction ayant même le culot d'ajouter que cette promesse avait été faite la semaine précédente seulement pour... éviter la grève.

Mardi matin, la rumeur se répandait dans l'usine que la direction, en représailles contre la séquestration, bloquait le versement des payes d'octobre qui s'effectue normalement début novembre. Cela a provoqué un coup de colère. La grève a été immédiate, spontanée, totale. Du matériel, des chaises, des balais, des cartons... ont été passés par les fenêtres tandis qu'un grand feu démarrait dans la cour. Le cynisme de la direction qui prend la paye en otage a mis le feu aux poudres.

Des bouffons provocateurs

Tout le monde est exaspéré par l'attitude de la direction qui nous lanterne depuis des mois. "Ce sont des bouffons , affirmait un délégué sur France 3, qui avouent eux-mêmes qu'ils n'ont aucun pouvoir. Ils sont là pour organiser la fermeture. Le directeur, Van Es, se payant même le culot de reprocher dans la presse à l'intersyndicale de vouloir négocier un plan social "comme si l'emploi passait après" ! Il faut oser le dire ! Lui, qui est grassement payé par la famille Bata pour organiser la fermeture du site, ose faire ce reproche à l'intersyndicale et bloquer le versement de la paye !

Quant au PDG de Bata SA en France, il ne met plus les pieds sur le site et refuse même de discuter avec l'intersyndicale. Son seul contact a été un fax envoyé aux syndicats, mardi 30, s'étonnant de leur volonté de discuter d'un plan social alors que le choix du repreneur n'a pas été fait. Sauf que même le "meilleur" projet de reprise ne prévoit que le maintien de 360 emplois sur 875 salariés, et donc le licenciement de plus de 500 d'entre nous. Ce projet de reprise, émanant de l'ancien fossoyeur de l'usine Bally de Moulins, n'inspire pas une confiance folle, et ce ne seront peut-être pas 500 mais 875 licenciements qui auront lieu le 19 novembre.

La nomination d'un expert

Tout le monde est bien conscient que Bata joue la montre et attend la liquidation. Même si la direction du groupe n'est pas totalement sûre de son affaire, tant il est vrai que le dépôt de bilan de l'usine d'Hellocourt est largement artificiel, l'usine ayant été mise en déficit à la seule fin de justifier la fermeture. Le tribunal de commerce a d'ailleurs nommé un expert chargé de déterminer quels sont les liens réels entre les différentes sociétés du groupe Bata en France... Mais il n'y a pas besoin d'expert pour savoir que le groupe Bata est immensément riche et que c'est sa cupidité à faire plus de profits qui risque de réduire des centaines de travailleurs au chômage.

La grève de l'usine a soudainement réveillé le gouvernement qui, dès mardi 30 octobre, sortait de son chapeau la nomination d'une Madame Bata, promise depuis des mois et qui sera une personne de plus chargée de noyer le poisson, de faire patienter les travailleurs, le temps d'organiser la liquidation.

Mercredi 31, le PDG de Bata acceptait finalement une rencontre avec l'intersyndicale pour le matin même. Du coup, les directeurs ont été relâchés et la grève suspendue. La paye d'octobre sera versée mais rien n'est réglé sur le fond. Car il nous reste à obliger Bata à prendre sur ses profits accumulés pour nous assurer un avenir décent.

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