Thibault quitte la direction du PCF : "Indépendance syndicale"... pour la même politique ?26/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1736.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Leur société

Thibault quitte la direction du PCF : "Indépendance syndicale"... pour la même politique ?

Bernard Thibault vient d'annoncer qu'il quitte le Conseil National du Parti Communiste Français et qu'il ne se représentera pas à une instance de direction lors du 31e congrès du parti. Il ne s'agit pas pour le secrétaire général de la CGT d'exprimer par cette façon un désaccord avec la politique du PCF. Au contraire, Bernard Thibault a écrit qu'il ne s'estimerait "pas moins communiste au motif que je ne serai plus élu au Conseil National". Robert Hue s'est déclaré en plein accord avec cette décision et s'est félicité de "l'identité de vues sur les objectifs que se fixent les communistes pour le 31e congrès du parti." Mais c'est au nom de la fameuse "indépendance syndicale" que cette décision a été prise.

Robert Hue a aussi écrit à Thibault : "Nous sommes, toi et moi, convaincus depuis longtemps de la nécessité de transformer les rapports (entre la CGT et le PCF) pour les dégager d'une conception et d'une pratique longtemps caractérisée par la primauté du parti politique sur l'organisation syndicale."

Et Bernard Thibault lui a déclaré que son appartenance à la direction du PCF "continue d'entretenir des ambiguïtés sur ce que serait la nature des relations existant entre le parti et la CGT."

A vrai dire, ce départ n'est pas une surprise et s'inscrit dans le nouveau cours de la CGT qui voudrait marquer l'"indépendance" de celle-ci par rapport au PCF. Mais il n'y a pas d'illusion à se faire sur le contenu de cette politique de la CGT. Elle va dans le sens de préjugés sur le bienfait de la soi-disant indépendance du syndicalisme ou du "mouvement social". Mais cette fameuse "indépendance" syndicale a toujours représenté un leurre, les dirigeants des grandes centrales syndicales et ceux des grands partis de gauche étant parfaitement capables de mener, quant au fond, la même politique... en toute indépendance les uns des autres. Peu importe l'adhésion formelle à un parti des dirigeants syndicaux actuels, des Notat, Blondel, Thibault. Le véritable problème est leur dépendance, non vis-à-vis d'un parti, mais vis-à-vis du patronat, de la bourgeoisie et des gouvernements. La question n'est pas que des syndicalistes fassent de la politique, mais quelle politique ? Ce qu'on peut reprocher par exemple à Bernard Thibault comme à ses prédécesseurs, ce n'est pas d'avoir appartenu à la direction du PCF. C'est la politique menée de cette direction du PCF, qui n'a pas, depuis des dizaines d'années, représenté les intérêts des travailleurs. Sans même parler de la période stalinienne, on peut lui reprocher dans la période plus récente de s'être alignée sur Mitterrand et d'avoir, en participant aux gouvernements socialistes, cautionné une politique antiouvrière qui démoralisait et démobilisait les travailleurs.

Mais à l'inverse, le rôle d'un véritable parti communiste serait bien sûr d'avoir des militants dans les syndicats, comme d'ailleurs dans toutes les associations qui regroupent des représentants de la classe ouvrière, et de défendre dans tous ces organes une politique vraiment communiste, c'est-à-dire au service de l'émancipation des travailleurs.

Bien entendu, cela ne signifie pas une subordination organisationnelle des syndicats au parti. Les syndicats sont indépendants du point de vue de l'organisation, et prennent eux-mêmes leurs décisions dans tous les domaines. Mais que les militants communistes révolutionnaires par leur travail, leur dévouement, la justesse de leurs idées dans toutes les question de la lutte de classe, jouissent et acquièrent de l'influence et des responsabilités est naturel et souhaitable. Comme il est naturel et souhaitable que des militants syndicalistes ou associatifs, s'ils sont conséquents, en viennent à militer politiquement.

Et toute démagogie sur l'indépendance ou l'autonomie des syndicats ou "du mouvement social", suivant l'expression à la mode des journalistes, n'éclaire pas la conscience des travailleurs, elle l'obscurcit.

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