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- Lutte ouvrière n°1736
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Editorial
L'union qu'il nous faut faire n'est pas avec le patronat et ses serviteurs
A l'occasion de la journée d'action du 16 octobre, on a pu entendre nombre de commentaires étonnés, réprobateurs, parce que le secrétaire général de la CGT comme d'autres responsables syndicaux avaient pris l'initiative d'un appel à la grève, en cette période qui s'est ouverte avec les attentats du 11 septembre et qui, d'après les auteurs de ces propos, exigerait de renoncer à tout corporatisme et de tout sacrifier à "l'unité nationale". Et, lundi 22 octobre encore, le baron Seillière, porte-parole du patronat français, reprenait sur les ondes d'Europe 1 le même discours, affirmant qu'il était d'accord avec les appels au "patriotisme économique".
Bref, pour tous ceux qui se situent dans le camp du patronat, l'heure serait à "l'union sacrée", et ce ne serait pas le moment pour les travailleurs de revendiquer quoi que ce soit. On se demande bien d'ailleurs quand, d'après eux, c'est le moment.
Mais en matière de "patriotisme économique", le grand patronat est bien loin de montrer l'exemple. Pendant les bombardements sur l'Afghanistan, les licenciements continuent. Ils continuent d'autant plus que la croissance économique s'est ralentie, bien avant les attentats du 11 septembre, et que, pour les patrons, supprimer des emplois, faire effectuer le même travail par moins de bras et de cerveaux est le moyen le plus simple de préserver leurs profits. Les discours sur "l'unité nationale" et le "patriotisme économique", c'est bon pour les travailleurs qui s'y laisseraient prendre. Mais pas question pour les gros actionnaires d'accepter une diminution de leurs profits. Les seuls sacrifices qui leur paraissent possibles, ce sont ceux qu'ils invitent une fois de plus les travailleurs à consentir.
Ainsi, le sort des travailleurs de Moulinex a été tranché le 22 octobre par le tribunal de commerce. La reprise partielle de l'entreprise par son concurrent SEB se soldera par des milliers de licenciements. Mais aucun des chroniqueurs économiques qui sévissent sur les ondes ou dans la presse n'a appelé les gros actionnaires, qui pendant des décennies ont accumulé des fortunes en exploitant le travail des salariés de Moulinex, à contribuer financièrement, si peu que ce soit, au sauvetage de milliers d'emplois.
Ces suppressions d'emplois, ce sera un drame pour autant de familles, pour des femmes et des hommes qui ont parfois travaillé des dizaines d'années dans cette entreprise, et qui auront bien du mal à retrouver un jour un emploi (et à quelles conditions ?), s'ils en trouvent un. Ce sera peut-être un désastre au niveau de toute une région. Mais tout cela, pour les patrons et leurs serviteurs, c'est normal, ce n'est qu'un banal accident de la vie économique.
Les hommes politiques de l'impérialisme français, de Chirac à Jospin, de la droite à la gauche gouvernementale, défendent la politique de l'impérialisme américain, qui consiste, au nom d'une prétendue lutte contre le terrorisme, à bombarder les villes d'Afghanistan, tuant des gens, hommes, femmes et enfants, qui n'ont rien à voir avec les bandes de Ben Laden, terrorisant la population, la forçant à prendre le chemin de l'exil. Et, au nom de cette politique criminelle, ils voudraient en plus que les travailleurs acceptent leur sort en silence.
Eh bien non, nous n'avons aucune raison de nous laisser faire. Le patronat et ses serviteurs politiques parlent d'unité nationale, mais ils mènent une lutte de classe, sans répit, contre les travailleurs.
Face à cela, nous, les travailleurs, ne pouvons compter que sur nos propres luttes pour défendre nos intérêts. L'unité dont nous avons besoin, ce n'est pas "l'unité nationale" avec nos exploiteurs, c'est l'unité de toute la classe ouvrière, pour imposer au gouvernement une autre politique, comme l'interdiction de tous les licenciements dans les grandes entreprises et, en particulier, celles qui font des profits.