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- Lutte ouvrière n°1736
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Dans le monde
L'Afghanistan sous les bombes : Du sang et des larmes pour la défense de l'impérialisme
Depuis le 7 octobre l'aviation de la première puissance du monde, les USA, lâche chaque jour des tonnes de bombes sur l'un des pays les plus misérables de la planète. Et comme c'était prévisible et malheureusement inéluctable, la presse, la radio et la télévision rapportent maintenant chaque jour les témoignages sur la réalité de ces bombardements dont personne ne sait s'ils touchent les terroristes, mais dont on est sûr qu'ils assassinent des victimes innocentes, hommes, femmes, enfants et vieillards.
Où est la "Liberté immuable" promise par Bush, patronyme dont les porte-paroles du gouvernement des Etats-Unis ont osé affubler cette opération de terrorisme d'Etat ? Ce sont les réfugiés fuyant les bombardements qui eux-mêmes posent la question devant les télévisions occidentales : "On devait chasser les talibans, mais ce sont nos maisons qu'on bombarde".
Les porte-paroles de l'état-major de l'armée américaine ne se donnent même plus la peine de s'excuser des "erreurs" dans les frappes, "chirurgicales" bien sûr, qui aboutissaient sur des dépôts de l'ONU, de la Croix Rouge, sur des hôpitaux, les autocars. Aujourd'hui l'armée des Etats-Unis continue sans désemparer ses bombardements, tant pis pour ceux qui se trouvent en dessous et qui en font les frais. Les morts et les blessés, parmi la population misérable d'Afghanistan, se comptent sans doute déjà par milliers.
L'ironie tragique de la situation fait que les seuls qui sont partiellement épargnés par les bombardements de l'armée des USA sont les forces armées des talibans elles-mêmes, car elles sont plus difficiles à atteindre que des cibles fixes, et aussi parce que les Etats-Unis ne voudraient pas trop avantager, ni trop vite, les autres chefs de bandes rivales, seigneurs de la guerre en tout genre, dont l'arrivée au pouvoir à Kaboul pourrait s'avérer aussi catastrophique que le pouvoir des talibans. C'est pourtant bien le pouvoir taliban qu'il s'agissait, paraît-il, de chasser de toute urgence à travers l'opération lancée, selon les dires grandiloquents de Bush.
Ce scénario n'est même pas nouveau, c'est peu ou prou le même que celui vécu lors de l'intervention contre l'Irak, et dernièrement au Kosovo et en Serbie. Au bout, il y a eu des centaines de milliers de morts, mais aussi le maintien de la dictature en place, tout au plus repeinte et rendue plus présentable dans le cas de la Serbie, une situation aussi explosive qu'auparavant, et toujours plus de misère.
Les bombardements continuent et risquent de continuer encore longtemps, même si selon les déclarations des dirigeants américains ceux-ci souhaiteraient que tout soit terminé pour novembre, avant l'hiver afghan. Et tout cela simplement pour montrer à la face du monde, et aussi de sa propre population, qu'on n'attaque pas en vain le sanctuaire sacré de l'impérialisme.
Les dirigeants américains ne savent même pas s'ils vont quelque part et sur quoi cette aventure peut bien déboucher. Ils savent bien que les attaques terroristes injustifiables, dont leur population a été victime, ne sont que le retour de leur propre action et de celles de leurs comparses impérialistes, la France y tenant sa place : l'exploitation des peuples du monde, pour en tirer toute la richesse possible qui s'accumule sur les comptes en banque des géants mondiaux de l'industrie et de la finance. L'oppression et la misère qu'elle entraîne créent un sentiment anti-américain sur lequel des aventuriers comme Ben Laden et bien d'autres peuvent compter pour jouer leur jeu.
Mais le sort du peuple afghan qui était déjà menacé de la famine avant même l'intervention, ni Bush, ni Blair, ni Chirac, ni Jospin n'en ont que faire. Il faut voir comment ces dizaines de milliers de réfugiés afghans qui tentent simplement de fuir les bombardements, sont traités par l'armée pakistanaise, avec l'appui politique, nous dit-on, des autorités américaines. Le peuple afghan est pris véritablement en otage et les dirigeants US lui demandent de mourir en secret et en silence sous les bombes, de famine ou de maladie, puisque les hôpitaux du pays sont démunis.
Voilà comment est donné devant le monde entier le spectacle honteux et insupportable de la barbarie des dirigeants des pays les plus avancés du monde. Mais qu'espérer de plus de la part des dirigeants d'un monde capitaliste, qui derrière le vernis bien mince de la civilisation et de la culture, ne considèrent les hommes, les femmes, la population fondamentalement que comme de la chair à produire, ou de la chair à canon si besoin est.