Éducation nationale : Manque de candidats ? non, l'État refuse de recruter suffisamment d'enseignants26/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1736.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

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Éducation nationale : Manque de candidats ? non, l'État refuse de recruter suffisamment d'enseignants

Le gouvernement et en particulier l'administration de l'Education nationale affirment souvent que, si l'on manque de professeurs, c'est qu'il y a pénurie de candidats convenables. Dans ces conditions, il serait vain de réclamer qu'on recrute davantage d'enseignants et qu'on réduise le nombre d'élèves par classe. Une mesure récente prise par le ministère montre la fausseté de cet argument.

La Direction des personnels enseignants s'est trouvée prise de court : contrairement à son attente, le gouvernement a décidé fin septembre de reconduire en 2002 le congé de fin d'activité (CFA). Grâce à cela, 1 500 à 2 000 professeurs partiront en retraite anticipée l'an prochain, et devraient donc manquer dans les collèges et les lycées.

La parade a été trouvée immédiatement : ajouter 1 600 nouveaux reçus aux concours de recrutement du printemps dernier. Et les jurys de CAPES ont été priés d'allonger d'autant les listes complémentaires, tout en expliquant que le "niveau" exigé n'avait pas baissé. Les nouveaux recrutés rejoindront début novembre dans les instituts de formation les 15 000 enseignants qui étaient passés "au premier tour".

Cet épisode montre que, lorsque le ministère juge qu'il a besoin de recruter, parce qu'il craint de trop dégarnir les rangs de professeurs titulaires, il trouve facilement des recrues, et ayant le fameux "niveau".

Cela n'a rien d'étonnant : aux concours de recrutement, les jurys n'admettent qu'un candidat sur cinq, sur dix, parfois moins encore. Tous ont cependant suivi les mêmes filières universitaires, les mêmes préparations. Ils ont à peu de chose près tous le même niveau. Les épreuves des concours ne sont pas là pour éliminer ceux qui seraient trop faibles, mais pour en sélectionner artificiellement un petit nombre.

Il serait donc possible, à tout moment, de recruter deux fois ou cinq fois plus de professeurs, sans nuire en rien à la qualité de l'enseignement. Ce n'est pas les candidats capables qui manquent, mais la volonté de les recruter. Le gouvernement préfère embaucher au rabais des maîtres-auxiliaires ou des vacataires, plutôt que de les recruter comme titulaires, de les payer convenablement et de leur donner la formation nécessaire.

Cette volonté de ne pas recruter suffisamment transparaît dans les chiffres officiels eux-mêmes. Pour la période 2001-2008, c'est en moyenne 34 800 enseignants qui partiront à la retraite chaque année. Or les recrutements ouverts aux concours pour 2002 seront seulement de 30 000 postes. Et ils comprennent quelques milliers de postes réservés aux concours internes, qui ne sont donc pas des recrutements, mais des promotions par concours.

Pour l'année 2002, il manquera donc en bonne logique autour de 10 000 enseignants, rien que pour maintenir la situation actuelle. Et l'Education nationale aura beau mettre en oeuvre tous les bricolages habituels, elle se trouvera face à une pénurie de professeurs. Alors qu'il faudrait non seulement remplacer tous ceux qui partent, mais augmenter le nombre total d'enseignants, pour pouvoir fournir aux élèves, en particulier dans les zones défavorisées, de meilleures conditions d'éducation.

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