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Leur société
Toulouse : Pour les actionnaires de Total une catastrophe insignifiante
Au cas où des actionnaires de TotalFinaElf se seraient inquiétés après la catastrophe de Toulouse, ils doivent maintenant être rassurés. "L'impact sur le résultat net du groupe TotalFinaElf pourrait aller jusqu'à environ 300 millions d'euros", a déclaré un porte-parole du groupe qui a tout de suite ramené cette somme à sa juste mesure : le groupe pétrolier avait dégagé l'année dernière 7,6 milliards d'euros, les plus gros profits jamais réalisés par une entreprise française. Et l'année 2001 s'annonce plus prometteuse encore. Du coup, le représentant du groupe a souligné "l'insignifiance" des 300 millions d'euros, "au regard des quelque 14 milliards d'euros de bénéfices escomptés par le groupe cette année". Autrement dit, le groupe Total escompte toucher comme profit annuel plus de 46 fois ce que peut lui coûter la catastrophe de Toulouse.
C'est dire tout crûment que Total peut envisager quelques autres explosions (sans compter un bon lot de désastres écologiques comme celui de l'Erika), cela ne revient vraiment pas cher ! Les actionnaires ne vont pas en mourir : seulement les ouvriers qui travaillent et la population - de préférence des milieux populaires - qui habite les quartiers concernés ou va faire ses courses au supermarché.
Pendant que les porte-parole de Total, s'adressant aux actionnaires, affichent avec cynisme que les profits ne seront pas même égratignés par la catastrophe qui vient de se produire, Chirac, Jospin et Kouchner versent leur larme, et communient avec le maire de Toulouse pour trouver que, quand même, la prochaine fois, Total pourrait aller faire ses explosions et tuer ses ouvriers ailleurs, loin de la ville.
Quant à prendre sur les bénéfices de Total une somme suffisante pour venir en aide aux victimes - ce serait tout de même la moindre des choses - il n'en est pas question. Tout ce que le gouvernement sait faire, c'est de prélever une somme insuffisante, 230 millions d'euros, sur les deniers publics.
Un trust comme Total aurait non seulement les moyens d'indemniser les victimes aussi correctement que possible, mais d'investir dans la sécurité de ceux qui travaillent et de la population autour. Mais ce n'est pas ce gouvernement qui va le lui imposer.