Philips - Le Mans : Mobilisation contre les licenciements19/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1735.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Philips - Le Mans : Mobilisation contre les licenciements

Depuis une quinzaine de jours, un bon nombre des travailleurs de Philips sont mobilisés contre les conditions dans lesquelles Philips compte se débarrasser d'eux.

Après l'annonce en juin dernier de la suppression de 1 142 emplois sur le site du Mans qui compte encore 2 300 travailleurs, la direction n'avait encore rien annoncé quant au plan social qu'elle prévoyait.La seule chose que la direction avait mise en place était une "cellule de reclassement" censée aider les travailleurs à trouver un autre emploi. Dernièrement, la direction a eu le cynisme de proposer une prime de 50 000 F à ceux qui partiraient en ayant trouvé un emploi en CDI avant le 31 octobre, de 30 000 F avant le 1er décembre et de 15 000 F avant le 1er janvier.Philips essaie de se débarrasser au moindre coût des travailleurs qu'il a exploités pendant des années.

Après cette annonce, beaucoup sont passés de la résignation à la colère.Les organisations syndicales ont du coup emboîté le pas.L'équipe de nuit s'est arrêtée de travailler spontanément, le 3 octobre.A la prise d'équipe du matin, personne n'a repris le travail et dans la matinée, les travailleurs sont allés bloquer la circulation dans Le Mans.L'équipe d'après-midi fit de même.Et depuis, chaque jour, à l'appel des syndicats, de 500 à 1 000 travailleurs de Philips manifestent ou bloquent des endroits à forte circulation.

Pour essayer de démobiliser les travailleurs, la direction a annoncé la mise en chômage technique pendant trois semaines de tout un secteur de production de l'usine qui emploie 1 100 personnes.Mais contrairement à juin dernier - où chacun s'était retrouvé chez soi - les travailleurs en chômage technique se sont dits qu'ils pouvaient manifester à plein temps puisqu'ils ne travaillaient pas.Et depuis, les Philips continuent de manifester.

Vendredi 12 octobre, cinq cars sont allés à Suresnes, au siège social de Philips France pour accompagner (en enfonçant un peu les grilles) les syndicats aux négociations.Lors de cette rencontre, la direction a une fois de plus montré son mépris en proposant 60 000 F pour tous ceux qui accepteraient un "licenciement volontaire".Et d'oser ajouter qu'avec cette somme et un minimum de 40 000 F de prime de licenciement et de préavis, personne ne partirait avec moins de 100 000 F.Cela ne semble pas satisfaire grand-monde, à juste titre.L'idée qui semble se développer serait plutôt "pas de départ à moins de 270 000 F", ce qui représente la valeur par salarié des bénéfices du groupe Philips de l'année 2000.Un juste dû.Et cela en remontant uniquement sur une année !

En attendant le CCE de vendredi 19 octobre, dans lequel la direction devrait présenter l'ensemble de son plan social, les travailleurs restent mobilisés : des piquets de grève veillent aux entrées de l'usine pour éviter que la direction ne déménage des machines pendant le chômage technique.

Lire : chroniques du bidonville

Nanterre en guerre d'Algérie de Monique Hervo

Au moment où l'on manifeste pour commémorer le massacre perpétré le 17 octobre 1961 dans les rues de Paris par la police du préfet Papon, prétendant imposer le couvre-feu à 20 heures à toute la population algérienne, il faut lire ce témoignage qui est en même temps une dénonciation.

Ce livre est un témoignage sur le bidonville de Nanterre de 1959 à 1962. Pendant ces années de la guerre d'Algérie, l'auteur partagea en effet la vie de la communauté algérienne qui s'entassait dans ce bidonville. De façon plus générale, elle témoigne de la condition des travailleurs immigrés maghrébins, algériens mais aussi marocains, auxquels le gouvernement et le patronat français firent appel pour les besoins de la reconstruction et de l'industrie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Pour accueillir ces travailleurs, absolument rien n'était prévu en France où sévissait une grave crise du logement, que subissait l'ensemble de la classe ouvrière. A partir du début des années cinquante, des bidonvilles se constituèrent dans la région parisienne mais aussi à Lyon et dans d'autres grandes villes du pays. En 1960, pour la seule région parisienne, près de 47 000 personnes s'entassaient dans différents bidonvilles, dont celui de Nanterre, l'un des plus importants. En 1973 encore, les services du ministère de l'Intérieur recensaient quelque 400 000 personnes en France habitant - mais c'est un trop grand mot - dans ces amas de fortune, construits en tôle, carton, bois, sans eau, sans électricité, sans égout, dans la boue l'hiver et dans la poussière durant les mois secs, et cela aux portes des grandes villes et de la capitale en particulier.

Monique Hervo, qui était alors militante de l'une des premières organisations humanitaires "non gouvernementales", ne fait pas que décrire l'état dans lequel les familles, ouvrières pour la plupart, du bidonville s'efforçaient de vivre à peu près normalement. Elle raconte ce que fut la guerre d'Algérie pour ces hommes, ces femmes, les enfants, les vieillards. Au dénuement total, s'ajoutèrent alors la répression policière, les rafles, les tabassages, les arrestations, les disparitions. Elle a vécu l'intervention des CRS qui entraient en force dans le bidonville à la recherche des militants du FLN, rasaient les baraques, brutalisaient les habitants, emmenaient les hommes, les laissaient pour morts. Certains ne revenaient jamais de leur arrestation et leur corps étaient retrouvés plus tard, n'importe où. Elle raconte également ce que fut la journée du 17 octobre 1961, les débuts de la manifestation vers La Défense et les fusillades de la police.

Toute l'horreur des conditions de vie, le déchaînement de haine chez les policiers, lâchés contre la population des bidonvilles, sont inscrits dans ces pages, écrites de façon simple et directe. La guerre que l'impérialisme français menait en Algérie se prolongeait en France. La répression s'acharnait contre la communauté algérienne et ses militants indépendantistes.

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