Mamère, Chirac, Jospin... Gesticulations de campagne19/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1735.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Leur société

Mamère, Chirac, Jospin... Gesticulations de campagne

On se gausse beaucoup, ces derniers jours, des turpitudes des Verts. Il faut avouer que les péripéties brouillonnes qui agitent l'état-major du parti écologique ont de quoi alimenter l'ironie des chroniqueurs. Mais si le heurt des ambitions des Mamère, Lipietz et de quelques autres, aboutit à des règlements de compte, s'ils se "flinguent" à un rythme à faire pâlir de jalousie n'importe quelle série policière, il faut reconnaître qu'ils ne font que singer, en à peine plus caricatural, ce qui se passe dans des partis prétendument sérieux et responsables.

Les épisodes qui se succèdent dans la compétition opposant les deux principaux concurrents au grand prix de l'Elysée, Jospin et Chirac, sont tout aussi dérisoires. Le dernier en date, la publication des mémoires du directeur de cabinet de Jospin, Olivier Schrameck, qui a provoqué une levée de boucliers dans la droite, qui a donné lieu à des pages et des pages de commentaires et d'explications qui se veulent sérieuses dans les gazettes et à la télévision, est de la même veine que les cabrioles qui se déroulent dans le loft permanent des Verts.

Le pire, c'est qu'on voudrait nous faire croire que ceux qui s'étripent de la sorte - verbalement s'entend - sous le regard des citoyens ne songent qu'au bien de tous, alors que ce qui les habite est avant tout leur avenir personnel.

Soyons juste, pas seulement leur avenir, même si cela compte beaucoup pour eux. Ils défendent en même temps les intérêts des possédants, des actionnaires et des bourgeois. En fait la défense de leurs ambitions et celle des intérêts des possédants sont liées. Mais comme ils ne peuvent pas le dire ouvertement, ils utilisent des mots fourre-tout. Du coup ils parlent des intérêts de "notre" économie, de la défense de "nos" entreprises, mais jamais des travailleuses et des travailleurs qui y travaillent. Et quand il leur arrive d'évoquer leur sort - nous sommes dans une période électorale et chaque voix compte - c'est pour verser quelques larmes médiatisées, en déclarant, en substance, que l'omelette des profits nécessite que l'on casse quelques oeufs. Sauf que les oeufs sont toujours issus du même panier. A-t-on entendu parler de gros actionnaires qu'on aurait vu pointer à l'ANPE ?

A la veille d'échéances importantes - vitales même pour ceux qui briguent, qui un fauteuil, qui un siège, qui un poste de ministre ou de président - on voit ce petit monde faire ses calculs, soupeser par avance les éventuels reports de voix dans le cas où ce serait machin plutôt que trucmuche qui représenterait telle composante d'une future majorité. Dans le même registre, on nous montre cette futile surenchère entre Chirac et Jospin qui se décarcassent pour essayer d'être le premier sur les lieux d'une catastrophe, ou le premier à pouvoir prétendre avoir reçu de Bush des bribes de confidences.

Parions qu'on va, comme à chaque fois, nous dire que cette campagne électorale est nulle, qu'on n'aura pas eu les vrais débats, que les grandes questions n'auront pas été abordées... et autres appréciations pour justifier par avance le désintérêt de l'opinion - c'est quoi au juste "l'opinion" ? - pour la politique.

Ça n'est pas que la campagne est nulle, c'est que ces politiciens n'ont rien à dire à la population laborieuse, rien à leur proposer de sérieux. Mais ça n'est pas parce qu'ils n'ont rien à dire qu'ils vont cesser de discourir ni qu'on va cesser de leur donner la parole.

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