Creil (Oise) : Locataires en colère au conseil municipal19/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1735.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Leur société

Creil (Oise) : Locataires en colère au conseil municipal

Jeudi 11 octobre, à l'appel de Lutte Ouvrière 90 locataires, se rassemblaient devant la mairie de Creil et, clairon en tête, allaient investir le conseil municipal pendant plus d'une heure, jusqu'à ce que le maire s'engage à rouvrir les négociations sur les hausses de loyers.

En effet, depuis le mois de juin, l'office HLM, Oise Habitat, a augmenté les loyers de 386 locataires de 25 à 30 %, suite aux réhabilitations opérées. Cela représente 350 à 400 francs par mois pour la majeure partie des foyers concernés. Ces hausses sont d'autant plus scandaleuses qu'elles se font en violation de la loi qui impute au propriétaire-bailleur la charge financière de la remise en état des immeubles et le gros entretien. Ce qui n'a jamais été fait sérieusement pendant des dizaines d'années.

La pétition lancée par Lutte Ouvrière à cette occasion, exigeant l'annulation de cette hausse scandaleuse, recueillit rapidement 240 signatures. A la suite de quoi, fin juin, trente locataires allèrent, à l'occasion d'une manifestation, interpeller le maire socialiste, Christian Grimbert, qui s'était alors déclaré choqué par de telles augmentations et avait proposé une réunion avec les dirigeants de l'office HLM. Mais ceux-ci refusèrent toute véritable discussion.

La municipalité de Creil, conjointement aux responsables de Oise Habitat, pensait que les vacances allaient faire oublier un problème qui concernera au final plus de 20 % des habitants de la ville. Mais, à la rentrée de septembre, la mobilisation s'est maintenue et s'est étendue. Spontanément des locataires du quartier voisin, en cours de réhabilitation, non encore touchés par les hausses, ont fait à leur tour circuler une pétition demandant qu'il n'y ait aucune hausse de loyer à l'avenir, qui recueillit 150 signatures. Rendez-vous fut pris le 11 octobre pour aller chercher la réponse au conseil municipal.

Ce jour-là, face au nombre et à la détermination des manifestants, le maire accepta une discussion publique avec le conseil municipal. Ce fut l'occasion de dénoncer les pratiques de Oise Habitat, couvertes par la mairie. Le maire fit mine de découvrir les problèmes, la droite appuyait les locataires de Creil, en oubliant qu'elle conduisait une politique similaire dans la ville voisine de Nogent. Quant au PCF, il proposa une commission extra-municipale, sans se prononcer véritablement sur le fond.

Les manifestants mirent le maire en demeure de rouvrir les négociations, en faisant fournir par Oise Habitat les factures détaillées des travaux. Le maire déclara un peu dépité : "Il faut bien trouver une solution car on ne peut voir débouler tous les quartiers les uns après les autres". Une des locataires présentes ayant déclaré : "On ne bouge pas tant qu'on n'a pas la date et l'heure de la réunion", celle-ci fut finalement fixée au 18 octobre.

Certes, entre discuter et aboutir au respect des droits des locataires il y a un grand pas. Mais cette prise de parole en direct a redonné confiance à tous.

Budget : petite prime pour l'emploi et grosse prime pour les patrons

Dans son projet de budget, le gouvernement a fait grand bruit autour du doublement de la prime pour l'emploi en 2002. Et, les élections n'y étant pas pour rien, il prévoit un versement anticipé de la moitié de la prime en début d'année. Du coup la PPE, plutôt que Prime Pour l'Emploi pourrait signifier plus justement Prime Pour l'élection. Mais surtout, les quelques sommes versées dans les milieux populaires sont dérisoires comparativement aux cadeaux faits aux riches et aux patrons.

La prime pour l'emploi, bien modeste, ne concerne que les salariés à faible revenu et met de côté les chômeurs et les retraités, et a rapporté en moyenne 946 F à 8,1 millions de foyers. Le doublement de la PPE représente 7,2 milliards de francs. Parmi les autres mesures fiscales, les taux du barème de l'impôt sur le revenu vont à nouveau être abaissés en 2002. Les quatre premiers taux baisseront de 0,75 point, tandis que les plus riches bénéficient de plus d'une baisse supplémentaire de 0,50 sur les deux dernières tranches. Coût : 13 milliards de francs. Dérisoires pour les faibles salaires, les économies d'impôts peuvent dépasser la dizaine de milliers de francs pour les plus riches.

Et puis, le patronat est directement bichonné par plusieurs mesures : la suppression progressive de la part salariale dans la taxe professionnelle représente 33,2 milliards de francs pour 2002. La diminution de l'impôt sur les sociétés coûte 5,3 milliards de francs (suppression progressive de la surtaxe Juppé). Le taux de l'impôt sur les sociétés pour les PME est baissé de 25 % à 15 %, soit encore 3,8 milliards de francs. Plus de 42 milliards de francs, qui iront directement dans la poches des patrons, six fois plus que la prime pour l'emploi.

Le gouvernement fait des choix révoltants en donnant de l'argent aux plus riches alors qu'il ne donne pas un centime aux plus pauvres et fait l'aumône aux smicards. De plus, ce sont des choix économiquement ineptes. Une augmentation des revenus des classes populaires leur permettrait immédiatement de consommer davantage, d'acheter des produits aujourd'hui invendus. Mais donner de l'argent aux patrons, contrairement à l'argumentaire de Seillière et de Fabius, ne favorise en rien l'investissement et la production : ce n'est pas faute d'argent que les patrons n'investissent pas, ils en regorgent au contraire, mais faute d'estimer avoir des débouchés, et un marché "solvable" pour leurs marchandises. Alors ces milliards de francs supplémentaires distribués aux riches et aux patrons iront dans la spéculation, dans l'usure ou dans les produits de luxe, mais pas dans l'investissement productif.

Tous les cadeaux fiscaux faits à la bourgeoisie ne font qu'accentuer son parasitisme vis-à-vis de l'ensemble de la société et accentuent la crise et la misère pour le plus grand nombre.

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