Argentine - Élections : Victoire des péronistes et succès de l'extrême gauche19/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1735.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine - Élections : Victoire des péronistes et succès de l'extrême gauche

Le dimanche 14 octobre, on renouvelait une partie des sénateurs et des députés argentins. Le gouvernement de l'Alliance, qui réunit le Parti Radical du président Fernando De la Rua et le Frepaso (Front pour un pays solidaire, une formation de centre-gauche) est le grand perdant de cette consultation.

Le parti péroniste, qui est retourné dans l'opposition en décembre 1999 après dix ans de règne, en est le principal vainqueur avec une moyenne de vote frisant les 40 %. Mais le fait le plus marquant, c'est que les partis d'extrême gauche, le PC et les groupes trotskystes, bien que dispersés sur plusieurs listes, obtiennent dans la capitale un total de voix autour de 20 % (les commentateurs locaux disent même 25 % car ils ajoutent les résultats du Parti Humaniste).

Ce résultat reflète la dégradation de la situation pour les classes laborieuses, avec la montée du chômage et la chute accélérée dans la pauvreté d'une très grande partie des masses pauvres. Le parti péroniste doit une bonne partie de son résultat à l'opposition et aux capacité de mobilisation que conserve la bureaucratie syndicale de la CGT. Les dirigeants des deux CGT, qui parlaient ces jours-ci de se réunifier, ont multiplié les journées d'action contre le gouvernement de l'Alliance, tout en se gardant de faire converger les luttes des travailleurs argentins et celles des chômeurs.

Mais, si une large fraction de l'électorat populaire conserve des illusions dans le parti péroniste, il est encourageant qu'une partie des travailleurs aient donné leurs suffrages au PC et à l'extrême gauche, malgré leur dispersion.

Le gouvernement qui affronte depuis des mois une très grave crise économique va devoir composer avec un Parlement et un Sénat majoritairement péronistes. C'est son problème car, du point de vue des classes pauvres, la différence entre les uns et les autres n'est pas si grande. Le gouvernement De la Rua n'a fait que poursuivre la politique d'austérité et de restrictions budgétaires du péroniste Menem. Comme lui, il entend surtout permettre aux classes riches de traverser sans dommage la crise actuelle.

Pour les travailleurs argentins, l'issue ne peut venir du bulletin de vote mais des luttes. Le vote de dimanche montre qu'un plus grand nombre d'électeurs se tournent vers l'extrême gauche, mais les 20 % à 25 % d'abstentions montrent aussi qu'une partie des classes pauvres sont désespérées par la plongée dans le chômage et la misère. D'ailleurs, les dirigeants du mouvement des chômeurs, qui s'est beaucoup manifesté au cours de cette années notamment en barrant des routes, n'appelaient pas à voter pour l'extrême gauche mais plutôt à voter blanc ou à ne pas voter.

Face à la crise qui ravage l'Argentine, la classe ouvrière n'a pas d'autre choix que de chercher à opposer un front commun des travailleurs ayant encore un emploi avec ceux qui l'ont déjà perdu, ce dont les dirigeants des centrales syndicales ne veulent pas, mais ce dont les travailleurs ont absolument besoin pour faire payer la crise aux classes riches.

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