Afghanistan : L'enjeu pétrolier19/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1735.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afghanistan : L'enjeu pétrolier

L'Afghanistan ne produit pratiquement pas de pétrole. Mais ce pays se trouve, ainsi que l'Iran et une partie du Pakistan, à cheval sur la chaîne montagneuse qui sépare les deux régions du globe où se trouvent les plus importantes réserves de produits pétroliers : le Golfe persique au sud, et le bassin de la mer Caspienne au nord.

Le Golfe est actuellement la première région productrice mondiale, car les hydrocarbures y sont d'un accès relativement commode au moyen de quelques oléoducs et surtout d'une gigantesque armada de navires pétroliers qui livrent leurs produits en Europe, au Japon, aux USA, et partout dans le monde.

En revanche les pays riverains de la Caspienne, Azerbaïdjan, partie sud de la Russie, Turkménistan, Kazakhstan, sont des producteurs médiocres. C'est que leur pétrole s'évacue très mal vers les régions de grosse consommation. Pourtant, en ce qui concerne les réserves, il se pourrait qu'elles soient aujourd'hui supérieures à celles du Golfe.

Autant dire que l'avenir du pactole pétrolier est peut-être là-bas. Et les compagnies, surtout américaines et européennes, se bousculent pour être présentes dans cette région. Et si, pour le moment, leurs investissements restent modestes, c'est que bien des problèmes ne sont pas réglés aux yeux des compagnies pétrolières. A commencer par l'instabilité politique de la région qui se surajoute aux difficultés d'évacuation de son pétrole vers les lieux de commercialisation.

Comment évacuer le pétrole du bassin de la Caspienne ? En direction de l'ouest, il y a des oléoducs. Mais ceux qui existent de l'Azerbaïdjan vers des ports de la mer Noire, en transitant par la Géorgie, région troublée, sont vieux et insuffisants (et les projets d'en créer de plus modernes se heurtent au risque politique et guerrier). En fait, pour le moment, c'est encore l'oléoduc russe du Caucase-nord, qui évite la Tchétchénie, qui reste le seul plus ou moins sûr et qui fonctionne à plein rendement. Mais cela ne fait pas forcément l'affaire... des pétroliers occidentaux.

Alors, il existe aussi un projet de passage par la Turquie qui traverserait le Kurdistan qui est maintenu sous contrôle par la répression de l'armée turque. L'Azerbaïdjan n'envisage même pas un passage via l'Arménie, pays avec lequel il est en guerre larvée.

Et vers l'est ? Un projet va du Kazakhstan vers la Chine, moyennant un tube de 6 000 kilomètres de long, mais il ne concernerait que la Chine.

Il reste alors le sud, en traversant les montagnes d'Iran ou d'Afghanistan. Le trajet le plus court passerait par l'Iran. Mais pour le moment les Etats-Unis ne veulent pas en entendre parler.

L'autre passage possible, en faisant un détour, traverserait l'Afghanistan et une partie du Pakistan - la région du Baloutchistan.

Le projet d'oléoduc via l'Afghanistan existe depuis l'écroulement de l'URSS. Le soutien des Etats-Unis aux Taliban, de 1994 à 1996, dans l'espoir qu'ils mettraient fin à l'instabilité dans le pays, avait aussi un petit parfum de pétrole. Les liens du groupe américain Unocal, qui détenait un tiers des parts dans le consortium destiné à construire l'oléoduc, avec les Taliban, en témoignent.

Dans le conflit actuel, les Etats-Unis veulent cette fois renverser les Taliban, mais en cherchant à installer à la place un régime à leur dévotion. Et qui pourrait, s'il s'avérait suffisamment fiable, laisser passer le pétrole.

Il y a peut-être un milliardaire en Agfhanistan, Ben Laden, mais beaucoup d'autres dont on ne parle pas ont des vues sur ce pays.

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