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- Lutte ouvrière n°1732
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Une plaque commémorative qui ne dit pas toute la vérité
A l'occasion de la commémoration du 17 octobre 1961, une plaque à la mémoire des manifestants algériens tués ce jour-là sera apposée sur le pont Saint-Michel, à Paris.
La rédaction du texte qui devrait figurer sur cette plaque a donné lieu à un débat houleux au Conseil de Paris, entre les élus de la droite et ceux de la majorité gauche plurielle. Pourtant cette polémique cache mal l'hypocrisie des partis politiques qui, du Parti Socialiste à la droite gaulliste, se sentent aujourd'hui encore solidaires de la répression et des massacres perpétrés contre les Algériens en lutte pour leur indépendance.
Une simple allusion aux "responsabilités du général de Gaulle et de ses ministres dans l'issue de la journée du 17 octobre 1961" a provoqué l'indignation de Tiberi, suivie du départ unanime des élus de droite. Quant à la formulation proposée par la majorité socialiste, elle se refuse à chiffrer l'ampleur de la répression - au moins 200 morts, selon l'historien Jean-Luc Einaudi, alors que la préfecture de police de l'époque ne parla que de 2 morts et 36 blessés ! De même, elle laisse l'ambiguïté sur le fait qu'il ne s'agissait nullement d'une bavure, mais d'un massacre orchestré par les hautes sphères de l'appareil d'Etat, et en premier lieu par Maurice Papon, le préfet de Police d'alors.
Il est vrai que les dirigeants socialistes d'aujourd'hui n'ont jamais renié ceux d'alors, qui s'alignèrent sur la politique coloniale de l'impérialisme français. De Mitterrand à Guy Mollet, en passant par Mendès-France, ils menèrent et intensifièrent la guerre, laissant les mains libres à l'armée et la police pour torturer et assassiner, en Algérie comme en France, ceux qui réclamaient l'indépendance. Et les massacres du 17 octobre 1961 s'inscrivaient dans la logique de cette politique !