Seveso, Bhopal : Des catastrophes chimiques aux conséquences effroyables28/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1732.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Leur société

Seveso, Bhopal : Des catastrophes chimiques aux conséquences effroyables

Ces dernières décennies, dans l'industrie chimique, deux catastrophes, celle de Seveso et celle de Bhopal, ont particulièrement démontré les dangers que de telles activités pouvaient présenter pour les travailleurs de ce secteur et pour la population environnante.

La première a donné son nom aux directives européennes qui, à partir de 1982, ont été mises en place pour la prévention de telles catastrophes.

Le 10 juillet 1976, à Seveso, une petite localité située au nord de Milan, en Italie, dans une entreprise du trust chimique suisse Hoffman-Laroche, un nuage de dioxine se dispersa sur plusieurs milliers d'hectares à l'issue d'une opération chimique malencontreuse. 15 000 personnes furent alors évacuées.

Les dioxines sont un ensemble de substances toxiques, non biodégradables, très contaminantes pour les sols et les eaux, pouvant favoriser des cancers ou des mutations. Durant la guerre froide, les dirigeants américains avaient envisagé d'utiliser comme arme chimique la plus toxique de ces molécules.

Plus de vingt plus tard, les habitants de la région de Seveso présentent toujours de forts taux de dioxine qui pourraient expliquer le taux de cancers supérieur à la normale parmi eux.

La catastrophe de Bhopal, ville importante du centre de l'Inde, eut des conséquences bien plus catastrophiques encore.

Dans une usine de la multinationale américaine Union Carbide, l'explosion et la diffusion dans l'atmosphère d'un produit extrêmement toxique, l'isocyanate de méthyle, eurent des conséquences effroyables. Des fuites de ce produit destiné à la fabrication d'un pesticide avaient pourtant déjà entraîné, les années précédentes, la mort de 15 ouvriers. Mais l'Union Carbide ne s'en était pas inquiétée et n'avait rien fait. Ses responsables avaient eu le front de prétendre que l'usine était "aussi inoffensive qu'une fabrique de chocolat".

Le 3 décembre 1984, à la suite d'une réaction chimique du produit avec de l'eau restée dans une cuve après un nettoyage, une explosion eut lieu. Elle fit plus de trois cents victimes. Mais le nuage mortel formé du produit échappé tua des dizaines de milliers de personnes dans les heures et les jours qui suivirent, en particulier parmi les nombreuses familles d'ouvriers qui s'étaient installées dans des bidonvilles aux abords immédiats de l'usine. Quant aux centaines de milliers de blessés, de survivants, et à leurs descendants, ils en porteront encore longtemps, comme à Seveso, les séquelles.

En revanche, pour les deux grands trusts que sont Hoffman Laroche et Union Carbine, le rappel de ces catastrophes humaines n'est, au pire, qu'un mauvais souvenir dont leur prospérité, en tout cas, ne porte pas la trace.

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