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Dans le monde
Les États-Unis préparent la guerre : Non à une intervention impérialiste !
Les dirigeants américains ont commencé à préciser dans quelle direction ils entendaient engager la riposte aux attentats de New York. Elle prendrait un double aspect, financier et militaire. La cible reste la nébuleuse du réseau Ben Laden, ses appuis financiers, les filières qu'on lui prête et l'Afghanistan des Taliban.
Dans cette guerre, quel que soit le caractère odieux des attentats qui ont frappé New York, les travailleurs ne peuvent être solidaires des dirigeants américains car une barbarie ne peut en justifier une autre. Et ils ne peuvent pas accepter de faire confiance aux gouvernants européens, que l'on voit, une fois de plus, dissimulés derrière d'hypocrites réserves, se ranger avec zèle derrière le gouvernement américain comme dans le passé, pendant la guerre du Golfe ou celle du Kosovo.
L'arme financière
Lundi 24 septembre, Bush a annoncé le "gel de tous les actifs" de ce qu'il nomme un "réseau terroriste mondial".
Mais ces déclarations semblent plutôt destinées à l'opinion publique. Les responsables américains ont désigné publiquement 27 établissements financiers ou individus et quatre organisations caritatives qu'ils entendent soumettre à un embargo financier. Mais de là à pouvoir réellement contrôler les circuits financiers, il y a une marge. Si les groupes terroristes désignés utilisent les circuits classiques du blanchiment de l'argent sale, ils passent par des paradis fiscaux et des sociétés-écran qui par définition savent brouiller les pistes. Ce système servant aussi très largement à l'ensemble du monde financier, industriel et politique, on voit mal comment il pourrait tout d'un coup devenir transparent. L'embargo financier envisagé pourra bloquer les opérations visibles et légales du réseau Ben Laden, mais rien ne dit que les responsables des mouvements terroristes feront les frais de ces représailles financières. Rien ne dit non plus que cela empêchera le financement de futurs attentats. Car les réseaux terroristes, si on en croit la presse, utilisent également des systèmes de transferts d'argent, basés sur la parole donnée, des transferts qui, à la différence des transferts électroniques, laissent peu de traces.
Les préparatifs d'une intervention
Parallèlement, il se met en place une riposte militaire. Une armada s'installe autour de l'Afghanistan. Pour l'essentiel, elle est composée de forces militaires américaines, mais également d'un contingent britannique. Cette toile d'araignée militaire couvre tous les pays voisins de l'Afghanistan, y compris le Pakistan. Elle prend toutes les formes, air, terre et mer.
Quant aux preuves de la culpabilité des cibles aujourd'hui désignées, il faut se contenter de la parole du secrétaire d'Etat américain à la Défense. Or, lors des attentats de 1998 contre des ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, les dirigeants américains avaient bombardé une usine de fabrication de médicaments dont ils avaient "la preuve" qu'elle fabriquait des armes chimiques. Ils avaient ensuite choisi le silence quand il avait été établi que l'information était fausse...
Les Etats-Unis viennent de lever les sanctions qu'ils appliquaient au Pakistan (et à l'Inde) parce que ces deux Etats s'étaient dotés de l'arme atomique sans en faire part à l'Oncle Sam. Du coup, le Pakistan et l'Inde vont pouvoir accéder à des lignes de crédit du FMI, ce qui vaut bien des services en échange.
Cependant, les responsables américains minimisent les difficultés qu'ils pourraient rencontrer sur le terrain. Le chef d'état-major, Colin Powell, a expliqué qu'il lui semblait que l'opinion américaine, après le choc des attentats, pourrait supporter plus que d'habitude qu'il y ait des pertes américaines. Mais la faiblesse en matériel militaire des Taliban (dont une partie a d'ailleurs été fournie dans le passé par les Américains quand les intégristes luttaient contre l'armée russe) ne doit pas dissimuler les difficultés qu'il y a à chercher les responsables terroristes dans 520 000 km2 de terrain montagneux. Les Russes avaient sous-estimé les difficultés de la guerre en Afghanistan, les Américains peuvent avoir les mêmes surprises.
En tout cas, si les Etats-Unis attaquent l'Afghanistan, l'état de guerre qui en résultera, même si les attaques restent ciblées et limitées, signifiera une nouvelle catastrophe pour la population afghane. Les déclarations des organisations non gouvernementales qui ont dû quitter l'Afghanistan ces jours-ci, et qu'on ne fait pas entendre au peuple américain, ne laissent aucun doute sur ce sujet : dans trois ou quatre semaines, 500 000 personnes seront privées d'accès à la nourriture. Et dans deux ou trois mois, cela touchera trois millions de personnes, car une grande partie de la population afghane, déjà victime de la guerre civile et de la sécheresse, a épuisé les ressources d'une économie principalement agricole, et elle ne survit que grâce à l'aide internationale, aujourd'hui suspendue par les préparatifs de guerre.
Les actes terroristes sont odieux, mais les représailles que préparent les Etats-Unis et ses alliés, les grandes puissances européennes le sont tout autant, à une échelle plus terrible encore. Et pour cela ils mobilisent les forces des Etats les plus riches de la planète.
L'enjeu réel n'est pas de mettre fin au terrorisme, car les dirigeants U.S. eux-mêmes savent que ce n'est pas possible. Mais ils entendent démontrer que c'est toujours l'impérialisme américain et ses alliés qui sont les maîtres du monde, et que les peuples doivent s'y soumettre. C'est bien pourquoi les travailleurs doivent dénoncer et s'opposer à cette intervention.