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- Lutte ouvrière n°1732
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Dans les entreprises
Brandt-Cooking (Orléans) : Tous ensemble pour sauver nos emplois !
Depuis l'annonce du dépôt de bilan de Moulinex-Brandt, ce sont les 22 000 salariés du groupe (dont 11 000 en France) qui voient leur avenir suspendu à la décision des administrateurs judiciaires. La menace de liquidation a été d'autant plus ressentie comme un coup de massue pour les 900 salariés de l'usine Brandt-Cooking de Saint-Jean-de-la-Ruelle, près d'Orléans, que les commandes d'appareils de cuisson n'ont jamais cessé et qu'une nouvelle chaîne de montage venait à peine d'être installée. En se retirant, les principaux actionnaires, le groupe ElFi, ont pratiquement contraint Moulinex-Brandt à mettre la clé sous la porte. Alors même qu'ElFi a prélevé des comptes de Brandt-Cooking plus de 200 millions de francs de bénéfices en 1999 (32 millions d'euros), leur départ du jour au lendemain risque de condamner au chômage tous les travailleurs du groupe, sans même parler des sous-traitants et des artisans.
A Saint-Jean-de-la-Ruelle, mardi 25 septembre, nous en étions au 9e jour de chômage technique pour 700 personnes sur 900. Lundi 24 septembre, ce sont plus de 300 personnes, ouvriers, employés et cadres, qui ont manifesté dans les rues d'Orléans, jusqu'à la préfecture. Criant leur inquiétude et leur colère, les manifestants ont été reçus par un représentant du préfet : celui-ci n'a fait que répéter ce que disent les pouvoirs publics depuis l'annonce du dépôt de bilan. A savoir que tous les éléments sont entre les mains de la justice, et qu'il faut attendre qu'un repreneur veuille bien se manifester. Le représentant du préfet et les maires de l'agglomération, contactés par les syndicats, ont évidemment assuré qu'ils feraient tout ce qui est en leur pouvoir pour... alerter le ministre. Et, en attendant, tous nous ont assuré qu'ils compatissaient ! Mais c'est déjà au moins 1 000 F qui nous seront retirés, sans même parler de la suite.
A l'heure où nous écrivons, nul ne sait quelle sera la décision de justice concernant une éventuelle reprise du groupe. Le CE de l'usine de Saint-Jean-de-la-Ruelle en sera avisé mercredi 26 et, dans la foulée, l'assemblée générale du personnel devra décider de l'éventuelle suite à donner à nos actions. Mais quelle que soit l'issue de ce qui est d'ores et déjà un immense gâchis, le sort qui nous attend dépendra de notre capacité à nous mobiliser, à contraindre les pouvoirs publics à réagir. Nous avons pu nous rendre compte à quel point élus et gouvernement sont passifs et s'inclinent devant les décisions arbitraires des capitalistes de retirer leurs billes quand ça leur chante. Certains parmi nous reprennent l'idée qu'il faudrait imposer un contrôle réel sur les finances du groupe, notamment pour savoir ce que sont devenus les millions de profits envolés. Et s'il y a des pertes à Brandt-Cooking ou à Moulinex, ce qui reste à voir, c'est aux actionnaires et aux banquiers de les assumer, mais certainement pas aux travailleurs d'en faire les frais !