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Dans les entreprises
Amiante : La cour des comptes découvre la complicité de l’état
Après bien d'autres organismes et associations qui dénoncent depuis des années l'incurie des pouvoirs publics par rapport à l'amiante, voilà maintenant que la Cour des comptes elle-même confirme l'attitude scandaleuse de l'Etat dans cette affaire.
L'auteur du rapport rappelle que les risques liés à l'amiante sont connus de longue date, mais que "le minerai a pourtant été utilisé de manière croissante après 1945, et jusqu'en 1973, sans qu'une politique globale de prévention des risques liés à son utilisation ait été mise en place, ni même envisagée". Il précise aussi que la politique "d'utilisation contrôlée", mise en place à partir de 1973, n'a pas servi à "minimiser autant qu'ils pouvaient l'être les risques encourus par les travailleurs et la population".
En effet, pendant des dizaines d'années, les gouvernements successifs, de gauche comme de droite, ont avant tout cherché à minimiser les risques afin de permettre à quelques grandes sociétés de continuer à fabriquer et à vendre leur poison.
Il a fallu attendre 1997 pour que l'utilisation de l'amiante soit complètement interdite. Entre-temps, des centaines de milliers de personnes ont été empoisonnées. On évalue à près de 100 000 le nombre de décès que cette politique va entraîner dans les vingt prochaines années.
Et maintenant que le scandale est sur la place publique, que le nombre de malades ne cesse de croître, l'Etat fait encore traîner les choses en longueur pour la prise en charge et l'indemnisation des victimes. La Cour des comptes évoque ainsi la "mise en oeuvre relativement difficile" du dispositif de cessation anticipée d'activité pour les salariés exposés. Le mot est faible, quand on voit comment le gouvernement vole au secours de nombre d'entreprises, responsables d'empoisonnement, en cherchant à limiter leurs responsabilités, en réduisant les périodes considérées comme "périodes d'exposition" à l'amiante, qui servent de référence pour ouvrir des droits à la cessation anticipée d'activité. La Cour des comptes découvre que, dans cette affaire, les institutions censées prévenir les risques de contamination se sont révélées n'être que "des instruments permettant aux industriels de promouvoir leur politique".
Cela n'a rien d'étonnant, quand on sait à quel point les pouvoirs publics sont liés au monde de l'industrie et de la finance, dont ils défendent à tout prix les intérêts.