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Espagne : Izquierda Unida entre dans le gouvernement basque
Jeudi 15 septembre, Izquierda Unida (la Gauche Unie) du Pays basque -la coalition dirigée par le Parti Communiste Espagnol-, officialisait son entrée dans le gouvernement des partis nationalistes modérés basques, du Parti Nationaliste Basque allié à Eusko Alkartasuna.
Izquierda Unida sera en charge du ministère du Logement et des Affaires sociales dont la responsabilité incombera au coordinateur général d'Izquierda Unida au Pays basque, Javier Madrazo.
Pour les dirigeants de la coalition nationaliste modérée, Izquierda Unida (avec ses 5 % de voix aux dernières élections et ses 3 sièges de députés au parlement régional) offre l'intérêt de renforcer encore leur position face au Parti Populaire d'Aznar ainsi que face au PSOE et aux nationalistes radicaux de Batasuna (lié à l'ETA). Et pour les dirigeants de Izquierda Unida cette alliance avec des nationalistes modérés conservateurs n'est pas surprenante.
En 1998 Izquierda Unida avait conclu une alliance avec le Parti Nationaliste Basque (PNV) qui collaborait avec les nationalistes radicaux de Batasuna. Puis lorsque cette collaboration fut rompue après la reprise de la politique terroriste par l'ETA, Izquierda Unida avait offert son appui parlementaire aux nationalistes modérés dont la position s'était affaiblie. D'autres zigzags allaient suivre. Alors qu'au niveau de l'ensemble de l'Etat espagnol, Izquierda Unida avait conclu un accord électoral avec le PSOE en mars 2000, au Pays basque ses dirigeants se sont bientôt tournés, vers les nationalistes modérés du PNV, rivaux du PSOE.
Quant aux intérêts de la classe ouvrière, au Pays basque comme dans le reste de l'Espagne, les dirigeants d'Izquierda Unida s'en moquent. En acceptant de participer au gouvernement basque, ils cautionnent la politique réactionnaire et antiouvrière du PNV. Javier Madrazo, le dirigeants d'Izquierda Unida qui va être à la tête du ministère du Logement et des Affaires sociales, a déclaré qu'il s'efforcerait de donner à la politique du gouvernement une orientation "sociale". Mais il mènera évidemment la politique pro-patronale du PNV. Tout comme l'ensemble des dirigeants de IU donneront de fait leur aval à la coalition policière entre le gouvernement basque et le gouvernement central de Madrid.
Les dirigeants d'Izquierda Unida ont remisé leurs déclarations passées dénonçant la politique néolibérale et droitière du PNV ; tout comme ils avaient tu, en mars 2000, au moment de leur pacte avec le PSOE, leurs antérieures dénonciations à l'égard de ce parti socialiste qu'ils qualifiaient de parti de la corruption et responsable de la sale guerre contre l'ETA.
Les dirigeants d'Izquierda Unida n'en sont pas à un retournement près. Ils montrent une fois de plus que leur principal souci est de s'intégrer dans les institutions, d'y trouver une place et un rôle, et non d'offrir une politique aux travailleurs aussi bien au Pays basque que dans le reste de l'Espagne. Et si cet accord de gouvernement entre Izquierda Unida et le PNV a suscité des critiques au sein du PCE et se traduit par une tension entre le secrétaire général du PCE Francisco Frutos et le coordinateur national d'Izquierda Unida, Llamazares, ce nouvel épisode des luttes de clans au sein du PCE traduit la crainte de ces divers dirigeants que cet accord au Pays basque n'entraîne un nouveau recul électoral de la coalition Izquierda Unida.